Tchad : Succès Masra renvoyé devant la chambre criminelle, ses avocats dénoncent une dérive judiciaire

La justice tchadienne a tranché : l'opposant Succès Masra, ancien Premier ministre et figure centrale de la transition contestée, est officiellement renvoyé devant la chambre criminelle. La décision, rendue ce matin par la chambre d'accusation, relance un dossier déjà marqué par de vives tensions politiques et des accusations de manipulation judiciaire.

Dans un geste fort de désapprobation, le collectif d’avocats de M. Masra a quitté l’audience en cours, dénonçant une procédure entachée d’irrégularités et affirmant que le procès à venir ne saurait garantir l’impartialité requise. « Il n’y a plus de justice, seulement une volonté d’abattre un homme », aurait confié un proche de la défense, requérant l’anonymat.

Les chefs d’accusation précis n'ont pas été détaillés officiellement, mais la nature politique du dossier reste au cœur des préoccupations. Pour nombre d’observateurs, cette mise en accusation pourrait s’inscrire dans un contexte de durcissement du pouvoir à l’approche d’échéances électorales sensibles, où les opposants dérangeants sont perçus comme des obstacles à neutraliser.

La société civile, jusque-là prudente, commence à réagir. Des voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles qualifient de « justice à deux vitesses », rappelant que des enquêtes impliquant des membres du pouvoir restent sans suite.

Un climat d’incertitude s’installe à Ndjamena, où l’opinion publique suit de près une affaire devenue hautement symbolique. Dans les jours à venir, les détails du dossier seront scrutés, tout comme les éventuelles mobilisations qui pourraient émerger en soutien à l’opposant.

Succès Masra, de son côté, n’a pas encore réagi publiquement à cette dernière décision, mais ses proches affirment qu’il reste « debout, fidèle à ses convictions ».

Oura KANTÉ

Malikunafoni