Sénégal : Ismaïla Madior Fall, ex-ministre de la Justice, placé sous surveillance électronique dans une affaire de corruption

Accusé de corruption dans l’attribution d’un marché public, l’ancien ministre sénégalais de la Justice, Ismaïla Madior Fall, a été placé sous bracelet électronique avec assignation à résidence, après son audition devant la Haute cour de justice. Un dossier qui éclabousse plusieurs figures de l’ancien régime.

« Il a été entendu dans le strict respect de ses droits et placé sous surveillance électronique dans l’attente de la suite de la procédure », ont déclaré ses avocats à la sortie de la commission d’instruction, mardi à Dakar.

Sur place, j’ai pu constater une atmosphère tendue autour du siège de la Haute cour de justice, alors que les journalistes et curieux attendaient la décision. Fall est poursuivi pour une affaire présumée de corruption liée à l’attribution d’un marché de réalisation d’un Centre de surveillance électronique, un projet qu’il a lui-même porté durant ses mandats entre 2017 et 2023.

Un promoteur immobilier, principal accusateur, affirme lui avoir versé 50 millions de francs CFA sur les 250 millions qu’aurait exigés le ministre pour garantir l’obtention du marché. Ce dernier a reconnu avoir reçu l’argent mais assuré, lors d’une interview télévisée, l’avoir rendu par des "voies diplomatiques", évoquant un accord de dation en paiement.

Le promoteur ainsi que l’ancien directeur des constructions publiques ont été placés en garde à vue. L’affaire s’inscrit dans un vaste mouvement judiciaire visant d’anciens ministres du régime Macky Sall, dont les mises en accusation ont été validées par l’Assemblée nationale le 8 mai.

La veille, Ndèye Saly Diop, ex-ministre de la Femme, a été placée sous contrôle judiciaire après le paiement d’une caution. Trois autres anciens ministres – Moustapha Diop, Aissatou Sophie Gladima et Mansour Faye – seront auditionnés avant la fin de la semaine. Ils sont tous cités dans un rapport de la Cour des comptes sur la gestion des fonds Covid-19.

La Haute cour de justice, rarement convoquée au Sénégal, ne s’était réunie que deux fois depuis l’indépendance : en 1963 pour juger Mamadou Dia, et en 2005 pour Idrissa Seck. Le premier avait été condamné, le second blanchi. Pour Ismaïla Madior Fall, l’issue reste encore incertaine.

Par

Oura KANTÉ

Malikunafoni