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Niger–Orano : Niamey prépare une plainte pour « crimes de masse » liés aux déchets radioactifs

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« Nous ne pouvons pas fermer les yeux devant un tel danger », a martelé le ministre nigérien de la Justice, Alio Daouda, en révélant la présence de centaines de fûts radioactifs abandonnés dans le nord du pays. Cette déclaration signe un tournant politique et judiciaire dans la relation déjà fracturée entre Niamey et le groupe français Orano.

 

Un stock radioactif qui ravive les tensions

 

Selon les autorités nigériennes, environ 400 barils contenant de la matière hautement radioactive ont été identifiés sur un ancien site d’exploitation à Arlit, dans une zone historiquement liée à l’industrie de l’uranium. Les mesures effectuées sur place afficheraient des niveaux allant jusqu’à 10 microsieverts par heure, soit vingt fois plus que la norme habituellement tolérée.

 

Pour le gouvernement, cette découverte constitue une nouvelle preuve d’un « abandon irresponsable » et d’un « risque sanitaire majeur » pour les populations vivant autour des anciennes mines. Niamey accuse Orano – qui exploite l’uranium nigérien depuis les années 1970 sous son nom précédent, Areva – d’avoir laissé derrière elle des millions de tonnes de résidus radioactifs sans traitement adéquat, malgré plusieurs injonctions judiciaires.

 

Un dossier judiciaire aux accents politiques

 

La procédure annoncée par Niamey n’est pas seulement environnementale : elle s’inscrit dans un contexte où les relations franco-nigériennes ont été profondément déstabilisées depuis le coup d’État de juillet 2023. Depuis cette rupture, les nouvelles autorités ont renégocié ou dénoncé nombre d’accords, dont ceux liés à l’uranium, pierre angulaire des liens économiques entre les deux pays.

 

En juin dernier, le Niger a franchi un cap supplémentaire en nationalisant les sociétés minières liées à l’uranium. Cette stratégie vise, selon le gouvernement, à reprendre le contrôle d’une ressource stratégique longtemps dominée par le partenaire français.

 

Orano dément et contre-attaque

 

Contacté par les médias, Orano affirme n’avoir reçu aucune notification officielle concernant une action en justice. Le groupe précise également ne pas opérer sur le site de Madaouela, où la découverte aurait été faite, faute de permis d’exploitation.

 

L’entreprise française, qui a déjà engagé un recours contre le Niger devant des instances internationales, évoque une décision politique « unilatérale » et conteste toute responsabilité sur les déchets retrouvés. Elle assure respecter, sur les sites qu’elle gère encore, les normes environnementales et les procédures de réhabilitation.

 

Un rééquilibrage stratégique vers la Russie

 

Au-delà du contentieux, c’est aussi la question de l’avenir du secteur minier nigérien qui se joue. Le pays a signé en juillet un mémorandum d’entente avec Rosatom, géant russe du nucléaire. Un geste interprété comme une volonté de diversifier ses partenariats… mais aussi comme un message adressé à Paris, alors que Niamey ambitionne désormais de vendre librement son uranium sur le marché international.

 

Et maintenant ?

 

La justice nigérienne doit préciser dans les prochains jours la forme que prendra l’action contre Orano. Si elle est confirmée, elle pourrait ouvrir un contentieux inédit mêlant santé publique, environnement et souveraineté nationale.

Reste à savoir si cette affaire débouchera sur une enquête internationale, une médiation diplomatique ou un procès de grande ampleur – un horizon qui pourrait redessiner le paysage minier du Sahel.

 

Oura KANTE

Malikunafoni

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