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Sénégal – Fin de la présence militaire française : Ouakam, dernier acte d’un tournant historique

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Le 18 juillet 2025, la France remettra officiellement la base militaire de Ouakam aux autorités sénégalaises, concluant ainsi plus de soixante années de présence militaire continue sur le sol sénégalais. Ce départ, voulu par le président Bassirou Diomaye Faye, incarne une volonté assumée de redéfinir les relations sécuritaires avec les partenaires étrangers, sur fond d’un regain de souverainisme panafricain.

 

Depuis l’indépendance, la présence militaire française au Sénégal symbolisait un partenariat stratégique majeur, forgé dans l’héritage postcolonial. Toutefois, ce chapitre touche à sa fin. La base de Ouakam, ultime bastion des Éléments français au Sénégal (EFS), rejoint la liste des emprises progressivement restituées depuis début 2025, parmi lesquelles les sites de Maréchal, Saint-Exupéry, Contre-Amiral Protêt et la station interarmées de Rufisque.

 

La sortie française s’est déroulée de manière concertée, encadrée par une commission franco-sénégalaise dédiée à cette transition sensible. Deux derniers sites restent encore à remettre dans les semaines à venir, mais le symbole est fort : Ouakam était la pièce maîtresse du dispositif militaire français à Dakar.

 

Un retrait sous le signe du dialogue

 

Loin des tensions ayant marqué les retraits militaires français dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, comme le Mali ou le Burkina Faso, le cas sénégalais se distingue par une démarche pacifique et structurée. Le président Diomaye Faye, élu en 2024 sur un programme panafricaniste, a opté pour une rupture sans confrontation, prônant une coopération militaire sans base étrangère permanente.

 

Dans cette optique, les accords de défense ont été révisés pour privilégier la formation, l’assistance technique et l’interopérabilité entre armées, sans présence physique de troupes étrangères. Cette nouvelle approche a été confirmée par l’ambassadrice de France à Dakar, Christine Fages, qui a évoqué un partenariat « plus équilibré et transparent ».

 

Des impacts sociaux non négligeables

 

La fermeture des installations françaises au Sénégal ne se fait toutefois pas sans conséquences. Le licenciement annoncé de plus de 160 employés locaux, effectif depuis le 1er juillet, a suscité l’inquiétude de nombreux travailleurs et de leurs représentants syndicaux. En parallèle, plusieurs centaines de sous-traitants se retrouvent également impactés par ce retrait.

 

Un forum de reconversion a été mis en place pour faciliter la transition, mais des interrogations subsistent quant à l’accompagnement réel des anciens employés, dont certains travaillaient depuis des décennies pour les forces françaises.

 

Un signal continental

 

Le départ de la France du Sénégal s’inscrit dans une dynamique plus large de réorganisation de sa présence militaire en Afrique. Face à la montée des aspirations souverainistes et aux bouleversements politiques dans plusieurs pays, Paris reconfigure son dispositif. Aujourd’hui, seules quelques implantations restent opérationnelles, notamment à Djibouti et au Gabon.

 

Le cas sénégalais, de par sa dimension historique et symbolique, pourrait servir de modèle à une nouvelle forme de coopération entre États africains et partenaires occidentaux, débarrassée des relents de domination et centrée sur des intérêts mutuels clairement définis.

 

En remettant les clés de Ouakam, la France tourne une page importante de son histoire en Afrique de l’Ouest. Pour le Sénégal, c’est une affirmation d’indépendance stratégique et une invitation à construire une sécurité nationale sur des bases entièrement maîtrisées.

 

Oura KANTÉ

Malikunafoni

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