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Madagascar : une tentative présumée de déstabilisation de l’État déjouée

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« Rien ne sera toléré contre la stabilité de notre pays », a averti le directeur général des services de renseignement, Rufin Tolojara Lebiria, lors d’une conférence de presse samedi 8 novembre à Antananarivo.

 

Deux ressortissants étrangers ont été interpellés à Madagascar dans le cadre d’une enquête pour tentative présumée de coup d’État et de complot contre le président Michael Randrianirina. Cette annonce marque un nouveau tournant dans le climat politique d’un pays engagé dans une vaste opération de refondation institutionnelle.

 

Selon les précisions du patron des services de renseignement, l’arrestation est intervenue à la suite d’une perquisition menée dans la nuit de vendredi à samedi dans une propriété dont la localisation demeure confidentielle. Les forces de sécurité y ont découvert une importante somme d’argent — environ deux milliards d’ariary en liquide (près de 385 000 euros) — ainsi que plusieurs devises étrangères, trois fusils de chasse et trois pistolets automatiques.

« Les suspects n’ont pas pu justifier la détention de tels montants ni des armes », a indiqué M. Tolojara Lebiria, évoquant des éléments « sérieux et concordants » d’un projet visant directement le chef de l’État.

 

Un contexte politique sous tension

 

Cette affaire éclate alors que le président Michael Randrianirina, arrivé au pouvoir avec la promesse d’une gouvernance exemplaire, conduit une série de réformes ambitieuses : gel des dépenses publiques non essentielles, inventaire des biens de l’État et restrictions de déplacement pour certains hauts fonctionnaires. Son Premier ministre, Herintsalama Rajaonarivelo, technocrate reconnu et ancien banquier, incarne cette volonté de moralisation de la vie publique.

 

Mais ces mesures, perçues par certains comme un durcissement du contrôle gouvernemental, pourraient aussi heurter des intérêts puissants. D’où les interrogations : qui finance et orchestre cette tentative de déstabilisation ? Quels réseaux économiques ou politiques se cachent derrière les deux étrangers arrêtés ? Et pourquoi viser directement le président Randrianirina ?

 

Une enquête à dimension internationale ?

 

Les autorités malgaches affirment disposer de renseignements « fiables et vérifiés », tout en admettant que l’enquête reste ouverte. Un second groupe de trois suspects est actuellement recherché. Aucun commanditaire n’a pour l’heure été identifié.

 

Sur le plan diplomatique, cette affaire pourrait rapidement dépasser les frontières de la Grande Île. Si la participation d’acteurs étrangers est confirmée, elle pourrait entraîner l’ouverture d’enquêtes transfrontalières, notamment en matière de flux financiers ou d’approvisionnement en armes.

 

Un signal de fermeté du pouvoir

 

Pour Antananarivo, ces arrestations visent à rassurer l’opinion publique et les partenaires internationaux sur la détermination du régime à défendre la stabilité nationale. Le message est clair : le pouvoir ne tolérera aucune tentative de déstabilisation au moment où il cherche à réformer l’État et à restaurer la confiance des citoyens.

 

Reste à savoir si cette opération s’inscrira dans une dynamique de transparence, ou si elle ouvrira la voie à de nouvelles tensions politiques dans un pays encore marqué par les crises institutionnelles du passé.

 

Oura KANTÉ

Malikunafoni

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