Gaza : Washington impose sa marque sur le nouveau dispositif humanitaire

« L’UNRWA est devenue une filiale du Hamas. » En lançant cette accusation, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a donné le ton du nouveau cadre humanitaire que Washington entend imposer à Gaza. En visite, vendredi 24 octobre, dans le centre de coordination civilo-militaire installé par les États-Unis dans le sud d’Israël, il a confirmé la volonté américaine de redéfinir la distribution de l’aide dans l’enclave palestinienne.

Sous couvert d’efficacité et de transparence, les États-Unis veulent désormais orchestrer l’acheminement de l’aide via un réseau restreint d’agences des Nations unies triées sur le volet et d’organisations « d’assistance humanitaire » dont certaines américaines, notamment évangéliques. L’UNRWA, pilier historique de l’aide aux réfugiés palestiniens depuis 1949, en serait exclue, au grand dam de plusieurs acteurs humanitaires.

Cette réorganisation marque une rupture profonde avec le système d’aide traditionnel à Gaza, déjà fragilisé par la guerre déclenchée en 2023 après les attaques du Hamas. Le fragile cessez-le-feu du 10 octobre n’a pas suffi à endiguer la crise humanitaire : la nourriture, les médicaments et le carburant demeurent strictement contingentés, chaque convoi devant obtenir le feu vert des autorités israéliennes.

Pour Washington, ce nouveau dispositif se veut une alternative « plus sûre », censée garantir que l’aide n’alimente pas les réseaux du Hamas. Mais sur le terrain, nombre d’observateurs redoutent qu’il ne serve aussi à renforcer le contrôle américain et israélien sur la vie civile dans l’enclave, en marginalisant les institutions onusiennes les plus critiques vis-à-vis de Tel-Aviv.

Reste à savoir si cette nouvelle architecture humanitaire permettra réellement d’alléger les souffrances de la population gazaouie ou si elle ouvrira un nouveau chapitre d’ingérences politiques sous couvert de secours.

Source le monde

Oura KANTÉ

Malikunafoni