Farah Abu Ayash raconte l’enfer de sa détention : un témoignage qui bouleverse et interroge
- malikunafoninet
- 18 nov.
- 3 min de lecture

« Ils m’ont mise au milieu des cafards, et je suis déçue de mes collègues. » La voix de Farah Abu Ayash, journaliste palestinienne détenue en Israël, résonne comme une plaie ouverte. Son avocat, Me Hassan Abbadi, qui a pu la rencontrer à la prison de Damon, parle d’un récit « plus proche d’un cri que d’une déposition », tant la journaliste semble marquée par les semaines de mauvais traitements qu’elle dit avoir subis depuis son arrestation.
Une arrestation brutale, en pleine nuit
Selon les informations transmises par son avocat, Farah a été arrêtée de nuit, encerclée par de nombreux soldats et véhicules blindés. Elle affirme avoir été conduite d’abord à Karmi Tzur, où elle aurait été attachée dehors, sous un filet d’eau sale, avant d’être transférée vers d’autres sites de sécurité. Son récit évoque des menottes si serrées que le sang aurait coulé, un commandant venu les couper avec une pince, et même des chiens ayant arraché une partie de ses vêtements.
Interrogatoires sous pression et violences répétées
La journaliste décrit ensuite son passage par le centre d’interrogatoire d’« Atzion » puis celui de Moscobiya, souvent cité par les ONG pour les conditions difficiles qui y prévalent. Elle dit y avoir été enchaînée, battue, bousculée contre un mur et sommée d’embrasser un drapeau israélien — ce qu’elle affirme avoir refusé. Elle assure également avoir été contrainte de livrer le code de son téléphone.
Farah parle d’un « film d’horreur » : interrogatoires, privations, froid intense, transferts en fourgons qu’elle décrit comme « brutaux ». Elle évoque aussi un passage à Ramla, dans une pièce obscure, puis une cellule infestée de cafards et de punaises, où elle dit avoir passé la nuit à pleurer.
À Damon, la solitude et le silence
Après 55 jours, elle est finalement transférée à la prison de Damon. Là, un autre choc la frappe : le silence. Farah dit souffrir du manque de mobilisation autour de son cas et reproche à ses confrères journalistes de n’avoir « pas assez fait » pour dénoncer son arrestation.
Des messages poignants à sa famille
Lors de la visite, elle confie à son avocat plusieurs messages destinés à ses proches :
– À sa mère, elle parle des ma’amoul qu’elle lui préparait, des poèmes lus autrefois à la radio.
– À ses sœurs, elle demande de prier à l’aube du 7 décembre, date de sa prochaine audience.
– À sa fratrie et ses cousins, elle adresse amour et excuses.
– À son père, elle confie la douleur de n’avoir pas vu son visage « durant 90 jours d’audience ».
Elle s’enquiert aussi d’un détail intime : le nom de la fiancée de son frère Ahmad, les préparatifs du mariage, comme un ancrage dans une vie qui continue hors des murs de la prison.
Un récit qui relance le débat
Le témoignage de Farah, relayé par son avocat, devrait alimenter les appels d’ONG et d’associations de journalistes qui dénoncent régulièrement les conditions de détention de Palestiniens, en particulier des femmes, dans certaines prisons israéliennes. Son audience prévue le 7 décembre pourrait offrir un nouveau point d’attention autour de son cas, alors que plusieurs organisations plaident pour davantage de transparence sur les méthodes d’interrogatoire.
Me Abbadi conclut son rapport par un hommage : « Libération à toi, Farah, et à toutes les détenues de Damon. »
Un message qui, pour beaucoup, sonne comme un appel à rompre le silence.
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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