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Togo : l’alerte d’une ONG face à 48 détenus d’opinion dans une République sous tension

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« On ne peut pas se taire quand des citoyens sont emprisonnés pour avoir parlé ». Le constat, lancé par un responsable de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat), résume la crispation qui entoure aujourd’hui la situation des droits humains au Togo. Depuis l’entrée en vigueur de la Cinquième République en mai 2025, les signaux d’une dérive répressive se sont multipliés, poussant l’ONG à tirer publiquement la sonnette d’alarme.

 

Une réforme institutionnelle suivie d’une vague d’arrestations

 

La transformation du régime en République parlementaire – qui fait du président du Conseil la véritable clé de voûte du pouvoir – a provoqué une série de manifestations dès le mois de juin. Leur répression violente a marqué un tournant.

D’après l’Acat, 48 personnes sont actuellement derrière les barreaux pour avoir contesté la pérennité du système politique incarné par Faure Gnassingbé. Activistes, figures de la société civile, membres de mouvements citoyens ou simples manifestants : tous ont été inculpés pour « trouble à l’ordre public » ou « atteinte à la sûreté de l’État », des accusations que l’ONG juge sans fondement.

 

Entre juillet et septembre, au moins 133 personnes – notamment issues de la mouvance « Gen Z Togo » – ont été interpellées pour des publications critiques en ligne ou pour avoir participé à des rassemblements pacifiques.

 

Des détentions dénoncées comme arbitraires, avec des cas de torture documentés

 

Ce que décrit l’Acat, relayée par un collectif d’avocats africains, dépasse la simple répression judiciaire : l’organisation affirme que des actes de torture ont été établis et que les conditions de détention violent les normes internationales.

L’exemple du Franco-Togolais Steeve Rouyar, arrêté le 6 juin pour s’être exprimé publiquement et désormais menacé de 30 ans de prison, illustre la sévérité des poursuites.

 

Plusieurs personnalités connues figurent parmi les 48 détenus. Le créateur de contenu René Missode Koffi, l’activiste Foly Satchivi – dont la santé se dégraderait –, ou encore Armand Agblézé et Oséi Agbagno du mouvement Tournons la Page. À leurs côtés, la militante et sage-femme Grâce Koumayi Bikonibiyate complète cette liste de ce que l’Acat qualifie d’« arrestations ciblées ».

 

Le mutisme des partenaires internationaux, source d’amertume

 

Pour l’ONG, une part du problème réside dans ce qu’elle qualifie de « silence assourdissant » des partenaires du Togo. Union européenne, France, Cédéao : les principales organisations régionales et internationales n’ont jusqu’ici pris aucune mesure significative.

Clément Boursin, responsable des programmes Afrique à l’Acat France, regrette une diplomatie qui « privilégie la stabilité politique du régime à la défense des libertés fondamentales ». Ce manque de réaction est perçu comme un signal d’impunité qui encourage la poursuite des détentions arbitraires.

 

Une situation qui pourrait se durcir encore

 

Sans pression extérieure et avec un appareil judiciaire accusé d’être instrumentalisé, la crainte d’une aggravation de la répression gagne les rangs de la société civile togolaise.

L’Acat appelle à la libération immédiate des détenus et à l’ouverture d’enquêtes indépendantes. Reste à savoir si cet appel trouvera un écho, alors que le pays s’enfonce dans une atmosphère de peur et que l’opposition peine à se faire entendre.

 

Oura KANTÉ

Malikunafoni

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