top of page

Cameroun : Paul Biya officialise sa candidature pour un huitième mandat présidentiel

ree

 

Le président camerounais Paul Biya a annoncé, ce dimanche 13 juillet 2025, son intention de briguer un huitième mandat à la tête du pays. Une déclaration sobrement publiée sur ses réseaux sociaux, mais qui provoque d’ores et déjà un large écho sur la scène politique nationale. À 92 ans, et après plus de quatre décennies au pouvoir, le chef de l’État confirme son choix de poursuivre l’aventure présidentielle, dans un contexte politique et social particulièrement tendu.

 

Une décision sans surprise, mais non sans controverse

 

Si la confirmation de cette nouvelle candidature était attendue dans certains cercles proches du pouvoir, elle n’en demeure pas moins clivante. Depuis plusieurs semaines, des indices convergents laissaient présager cette annonce : remobilisation des structures du parti au pouvoir, initiatives locales appelant à la "continuité", et communication orchestrée autour d’un bilan présidentiel jugé "positif" par ses partisans. La déclaration du jour vient donc officialiser une posture de maintien, que d’aucuns considèrent comme une manœuvre pour verrouiller davantage le paysage politique.

 

Cette candidature, qui porte à huit le nombre de mandats visés par Paul Biya depuis 1982, relance le débat sur la longévité au pouvoir et la nécessité de renouvellement démocratique. Elle soulève aussi des interrogations sur la capacité d’un système politique à se réformer de l’intérieur, alors que la société camerounaise évolue rapidement, portée par une jeunesse de plus en plus revendicative.

 

Un contexte sécuritaire et économique préoccupant

 

L’annonce intervient dans un climat marqué par des tensions persistantes dans les régions anglophones, théâtre d’un conflit armé depuis plusieurs années. Les efforts de médiation n’ont pas permis de désamorcer la crise, et les violences se poursuivent, affectant lourdement les populations civiles. Par ailleurs, le Cameroun traverse des difficultés économiques, avec un taux de chômage élevé, une inflation persistante et un secteur informel en pleine expansion. Dans ce contexte, la question du renouvellement du leadership devient une revendication centrale pour une large partie de l’opinion publique.

 

Le président Biya, dans son message, affirme répondre aux "appels pressants des citoyens de toutes les régions du pays". Une formule classique, régulièrement utilisée dans les discours de reconduction, mais qui peine à convaincre les opposants. Pour ses détracteurs, cette huitième candidature illustre une volonté de conserver le pouvoir coûte que coûte, au mépris des exigences de transition démocratique et d’alternance politique.

 

Une opposition sous pression, mais mobilisée

 

La scène politique camerounaise reste dominée par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti présidentiel, solidement implanté à travers le pays. Toutefois, des figures de l’opposition comme Maurice Kamto (MRC) ou Cabral Libii (PCRN) tentent de s’organiser, malgré les obstacles juridiques et politiques auxquels elles sont confrontées. Arrestations, restrictions de manifestation et encadrement strict du débat public rendent l’expression démocratique difficile, mais n’empêchent pas une mobilisation progressive des forces dissidentes.

 

Plusieurs voix, y compris dans des cercles traditionnellement favorables au pouvoir, appellent désormais à une alternance pacifique et à une réforme des institutions. Des personnalités politiques, autrefois proches du président, ont récemment marqué leur distance, dénonçant un système trop centralisé et une absence de perspectives pour les nouvelles générations.

 

Vers une élection verrouillée ?

 

La confirmation de la candidature de Paul Biya repose inévitablement la question de l’ouverture du jeu électoral. Les précédentes consultations ont été critiquées par de nombreuses organisations nationales et internationales, qui ont mis en doute leur transparence et leur crédibilité. Dans ce contexte, la perspective d’un scrutin pluraliste et compétitif semble, une fois encore, compromise.

 

Rien n’indique pour l’heure que des réformes électorales substantielles seront engagées avant la tenue du prochain scrutin. Le Conseil constitutionnel et l’organe chargé des élections demeurent largement perçus comme acquis au pouvoir en place, ce qui limite la confiance dans le processus.

 

Une page qui tarde à se tourner

 

L’annonce du président Biya marque un nouveau tournant dans la trajectoire politique du Cameroun, un pays qui cumule aujourd’hui plus de 60 ans d’indépendance mais reste confronté à une forte centralisation du pouvoir. Pour nombre d’observateurs, cette énième candidature reflète un blocage institutionnel plus profond, empêchant l’émergence de nouvelles figures capables de proposer une vision alternative.

 

Alors que plusieurs pays africains s’engagent, avec plus ou moins de succès, dans des dynamiques de renouvellement politique, le Cameroun semble choisir la continuité à tout prix. Le scrutin de 2025 pourrait ainsi se transformer en nouveau test de résistance pour une démocratie fragilisée, à la croisée des chemins entre statu quo et transformation.

 

Paul Biya sera bien candidat. Mais l’enjeu, désormais, est de savoir si le Cameroun pourra encore écrire une autre page de son histoire politique.

 

Oura KANTÉ

Malikunafoni

 

Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note*
bottom of page