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Burkina Faso : les notaires se mobilisent contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme

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« Le notaire n’est pas un simple rédacteur d’actes, c’est aussi une sentinelle contre les dérives financières », a rappelé Me Yacouba Dembélé, président de l’Ordre national des notaires du Burkina Faso. Les 16 et 17 juillet 2025, les professionnels du notariat burkinabè ont pris part à une session de renforcement de capacités axée sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

 

À Ouagadougou, première étape d’une série de sessions prévues également à Bobo-Dioulasso, les notaires se sont penchés sur les mécanismes de prévention des flux financiers illicites. Ce rendez-vous, organisé par l’Ordre des notaires du Burkina Faso (ONBF), s’inscrit dans une démarche nationale visant à renforcer la conformité du pays avec les normes du Groupe d’action financière (GAFI), alors que le Burkina figure depuis 2021 sur sa liste grise.

 

Anticiper, détecter, déclarer

 

À travers des modules interactifs et des échanges critiques, les participants ont exploré les obligations qui leur incombent en tant qu’acteurs exposés aux opérations à risque. Vente de biens immobiliers, constitution de sociétés, transferts fonciers… autant d’actes qui peuvent, à leur insu, servir de couverture à des activités illicites.

 

Le défi est double : se prémunir juridiquement et contribuer activement à l'effort national de lutte contre les circuits opaques. À cet effet, les notaires ont été invités à renforcer leur vigilance dans l’identification des bénéficiaires effectifs, à mettre en place des procédures internes de contrôle, et à signaler sans délai toute opération suspecte à la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières).

 

Un engagement au service de la nation

 

Le président de l’ONBF a salué la mobilisation des participants et insisté sur l’importance stratégique de cette profession dans un contexte marqué par l’insécurité et l’infiltration croissante de l’économie légale par des réseaux criminels. Selon lui, l’élargissement du réseau notarial à l’ensemble du territoire implique une responsabilisation accrue des études nouvellement créées.

 

Pour Me Finfraogo Kuela, notaire à Tenkodogo, cette formation « va bien au-delà d’un simple rappel de la loi. Elle arme chaque notaire pour devenir un acteur efficace dans la préservation de l’intégrité financière du pays ». Même satisfaction du côté de Me Savadogo Issouf, basé à Ouahigouya, qui y voit « un levier de professionnalisation et une contribution directe à l’État de droit ».

 

Une responsabilité collective

 

La session a également permis de souligner les sanctions encourues en cas de manquement, ainsi que les nouvelles obligations introduites par la loi n°046-2024/ALT du 30 décembre 2024 sur la LBC/FT. La mise en œuvre de manuels internes, la formation des collaborateurs, et la mise en place de procédures de signalement figurent désormais au rang des impératifs pour chaque étude notariale.

 

Présent à la clôture, le directeur du contrôle des officiers publics judiciaires, Rasmané Moyenga, a salué l’initiative. Il a encouragé les notaires à appliquer de manière concrète les outils acquis durant la formation afin de renforcer la crédibilité du dispositif burkinabè de lutte contre la criminalité financière.

 

Vers un notariat plus proactif

 

Dans un pays confronté à des défis sécuritaires et économiques multiples, cette mobilisation du secteur notarial marque un tournant. Elle rappelle que la lutte contre le financement du terrorisme ne repose pas uniquement sur les services de renseignement, mais aussi sur des professions civiles, souvent en première ligne, qui doivent conjuguer rigueur, éthique et vigilance.

 

Pour l’ONBF, cette démarche s’inscrit dans un repositionnement stratégique de la profession, entre appui à l’État, renforcement des garanties offertes aux citoyens, et contribution active à la stabilité nationale.

 

Oura KANTÉ

Malikunafoni

 

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