Burkina Faso : l’homosexualité désormais passible de prison
- malikunafoninet
- il y a 2 jours
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« Cette loi protège nos valeurs et notre identité », a déclaré le ministre de la Justice, Edasso Rodrigue Bayala, en annonçant l’adoption d’un nouveau texte qui fait déjà polémique. L’Assemblée législative de transition du Burkina Faso a en effet voté à l’unanimité une réforme qui criminalise explicitement les relations homosexuelles, jusque-là non sanctionnées par le code pénal.
Désormais, les personnes reconnues coupables risquent entre deux et cinq ans de prison, assortis d’amendes. Pour les étrangers, une expulsion automatique est prévue. Cette disposition s’intègre dans le nouveau code des personnes et de la famille, qui introduit également la reconnaissance légale des mariages religieux et coutumiers, ainsi qu’un durcissement de l’accès à la nationalité par mariage.
Ce vote illustre l’emprise de la junte dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis septembre 2022 après un coup d’État militaire. Âgé de 37 ans, le chef de l’État s’est imposé comme un fervent défenseur d’une ligne souverainiste, hostile à ce qu’il considère comme des « valeurs importées » de l’Occident.
Avec cette loi, le Burkina Faso rejoint plus de 30 pays africains qui interdisent les relations entre personnes du même sexe. Dans certains États de la région, comme le Nigeria ou la Gambie, les peines prévues vont jusqu’à la perpétuité. Le Mali voisin a adopté un texte similaire en 2024, confirmant une tendance régionale au durcissement législatif.
Au-delà du symbole juridique, cette décision s’inscrit dans un climat social marqué par un contrôle croissant de la parole publique. Dès 2023, le Conseil supérieur de la communication avait interdit plusieurs chaînes de télévision accusées de « promouvoir l’homosexualité ». Pour les organisations de défense des droits humains, la nouvelle loi risque d’accentuer les discriminations et d’alimenter un climat de peur, poussant les minorités sexuelles à vivre davantage dans la clandestinité.
Reste à savoir si cette orientation renforcera réellement la cohésion sociale prônée par la junte ou si, au contraire, elle accentuera l’isolement international du Burkina Faso et les critiques sur son respect des libertés fondamentales.
Oura KANTÉ
Malikunafoni
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