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Afrique : la nouvelle frontière solaire du monde

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« L’Afrique ne sera pas seulement le continent du soleil, elle en deviendra la puissance », promet un expert du Centre africain pour l’énergie propre.

Longtemps considérée comme simple réservoir de matières premières, l’Afrique s’impose désormais comme le continent du futur énergétique. Avec 40 % du potentiel solaire mondial mais seulement 1 % des capacités exploitées, le vent – ou plutôt le soleil – du changement commence à souffler sur le continent.

 

Un géant énergétique encore endormi

 

Plus de 85 % du territoire africain bénéficie d’une irradiation annuelle dépassant 2 000 kWh/m², soit le double de la moyenne européenne. Théoriquement, les 60 millions de TWh d’énergie solaire reçus chaque année suffiraient à alimenter la planète entière. Et pourtant, l’Afrique n’a longtemps brillé que par son paradoxe : l’abondance de soleil, mais la pénurie d’électricité.

 

Cette tendance est en train de s’inverser. En 2025, les importations de panneaux solaires ont bondi de 60 %, et 25 pays dépassent désormais les 100 MW installés, preuve d’une révolution en marche.

 

Algérie : le réveil d’un géant solaire

 

Au nord du continent, l’Algérie accélère son entrée dans la course. Avec ses étendues désertiques et un potentiel technique estimé à 170 TWh par an, le pays ambitionne de produire 22 GW d’énergie renouvelable d’ici 2030, soit une hausse de plus de 2 700 % par rapport à aujourd’hui.

 

Ses importations de panneaux ont été multipliées par 33 en un an, propulsant l’Algérie dans le trio de tête des marchés africains.

À la clé, une stratégie duale : alimenter sa consommation interne tout en se positionnant comme fournisseur d’énergie verte de l’Europe, notamment via l’hydrogène bleu et vert.

 

Égypte et Maroc : les pionniers du continent

 

L’Égypte, déjà en avance, abrite l’un des plus grands parcs solaires du monde, Benban, dans le désert d’Assouan. Avec 1 650 MW de capacité et plus de 3,8 TWh produits par an, ce site illustre la transformation en cours. Le pays vise désormais 10 millions de tonnes d’hydrogène vert par an d’ici 2030, soutenu par la construction de trois usines de panneaux solaires totalisant 9 GW de capacité.

 

Le Maroc, lui, trace la voie depuis plus d’une décennie. Son complexe solaire Noor d’Ouarzazate (510 MW) reste emblématique de sa stratégie de transition. Grâce à sa connexion directe avec le réseau électrique européen via l’Espagne, le royaume chérifien joue un rôle de passerelle énergétique.

Le mégaprojet Xlinks, estimé à 22 milliards de dollars, prévoit d’alimenter 8 % de la demande électrique du Royaume-Uni via un câble sous-marin de 3 700 km – une première mondiale.

 

Namibie et Botswana : la nouvelle alliance du Sud

 

Au sud du continent, Namibie et Botswana misent sur un partenariat solaire de 5 GW sur vingt ans. Ces pays, parmi les plus ensoleillés du monde, cumulent stabilité politique et attractivité financière.

Le ministre botswanais de l’Énergie, Lefoko Moagi, se veut optimiste : « Nous allons passer du statut d’importateur d’énergie à celui d’exportateur d’électricité propre pour toute la région. »

La Namibie, quant à elle, veut devenir un acteur clé de l’hydrogène vert, avec une production visée de 1 à 2 millions de tonnes par an d’ici 2030.

 

Le Sahel : la promesse d’un soleil pour tous

 

Du Mali au Tchad, le projet Desert to Power, porté par la Banque africaine de développement, incarne la dimension panafricaine de cette transition. Objectif : 10 GW de capacité solaire d’ici 2030 pour alimenter 250 millions de personnes dans 11 pays.

Le Mali et la Mauritanie, déjà interconnectés par une ligne de 225 kV, amorcent une coopération exemplaire pour échanger 600 GWh d’énergie verte par an.

 

Les ombres au tableau

 

Mais cette course vers le soleil n’est pas sans obstacles. Le financement reste le nerf de la guerre : il faudrait 190 milliards de dollars d’investissements par an d’ici 2030, selon l’Agence internationale de l’énergie.

À cela s’ajoutent l’instabilité politique, la faiblesse des réseaux électriques et le manque de main-d’œuvre qualifiée. Certaines régions, comme l’Afrique équatoriale, voient leur potentiel limité par la couverture nuageuse.

 

L’énergie solaire, levier de souveraineté et de développement

 

Au-delà de la production, le solaire transforme déjà la vie quotidienne. Au Nigeria, un simple panneau solaire peut remplacer un groupe électrogène diesel en six mois. Dans les campagnes du Malawi, les systèmes solaires domestiques « pay-as-you-go » électrifient plus vite que les réseaux nationaux.

 

Le solaire devient aussi moteur d’industrialisation verte : acier bas-carbone au Maroc, fabrication de panneaux en Égypte, batteries au lithium en Afrique australe.

L’Europe, en quête d’indépendance énergétique, multiplie les connexions sous-marines avec ses voisins du Sud — de la Tunisie à l’Italie, de l’Égypte à la Grèce, et bientôt, de l’Algérie à la Méditerranée.

 

Une puissance à venir

 

L’Afrique devrait dépasser 20 GW de capacité solaire installée dès 2025, et 70 GW d’ici 2030 si les projets annoncés se concrétisent.

De Lagos à Casablanca, du Caire à Windhoek, un même espoir se lève : celui d’une Afrique qui ne subit plus le soleil, mais le transforme en puissance.

 

Source Afrik.com

Oura KANTÉ

Malikunafoni

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