Une voix malienne qui fait vibrer le monde
- malikunafoninet
- 3 sept.
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« Je veux que ma musique serve de pont entre les cultures », confiait récemment Fatoumata Diawara. À 43 ans, la chanteuse et comédienne malienne est devenue l’une des figures les plus emblématiques de la scène musicale africaine contemporaine.
Née le 21 février 1982, dans une famille nombreuse originaire de Madina Kouroulamini, près de Bougouni, elle grandit entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Son enfance est marquée par l’art : sa mère était danseuse, son père dirigeait une troupe traditionnelle. Très tôt initiée à la guitare et à la danse, elle découvre l’expression artistique comme une seconde nature. Mais c’est à l’âge de 9 ans, après la disparition de sa sœur aînée, que sa vie prend un tournant décisif. Confiée à une tante comédienne au Mali, elle plonge dans l’univers du théâtre et trouve sa voie.
Des débuts sous les projecteurs du cinéma
À 15 ans, le réalisateur Cheick Oumar Sissoko la repère et lui offre un rôle dans La Genèse (1999), présenté à Cannes. Ce premier pas sur la scène internationale est suivi d’autres expériences marquantes : Sìa, le rêve du python (Prix spécial du Jury au Fespaco 2001) et Il va pleuvoir sur Conakry, du cinéaste guinéen Cheick Fantamady Camara. Sur les planches, elle interprète Antigone au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris. Tout semblait la destiner à une carrière d’actrice. Pourtant, c’est la musique qui allait l’imposer comme ambassadrice de la culture malienne.
La révélation musicale
Sa rencontre avec le grand musicien Cheick Tidiane Seck marque un tournant. Puis vient Oumou Sangaré, qui l’encourage à développer sa propre identité artistique. Elle prête sa voix à Seya, l’album phare d’Oumou, et collabore avec la chanteuse américaine Dee Dee Bridgewater. Ces expériences nourrissent son univers, mêlant chant wassoulou, blues, jazz et folk.
Les années suivantes confirment son ascension. Aux côtés de légendes comme Herbie Hancock, Hank Jones ou Cheick Lô, elle multiplie les collaborations prestigieuses. En 2011, elle publie Fatou, son premier album solo, salué par la critique et qui assoit sa réputation à l’international.
Une artiste entre tradition et modernité
En 2017, elle participe au projet collectif Lamomali porté par Matthieu Chedid (-M-), avant de signer son deuxième album solo Fenfo (2018), également produit par lui. Sa voix singulière, douce et puissante à la fois, devient sa véritable signature. En 2025, elle retrouve le collectif autour du deuxième album Totem, confirmant son statut de passerelle entre les continents.
Une ambassadrice culturelle
Aujourd’hui partagée entre Bamako et Milan, Fatoumata Diawara incarne une Afrique en mouvement : fière de ses racines mais ouverte au monde. Elle défend un art engagé, souvent traversé de thèmes universels : la condition des femmes, la liberté, l’amour, la paix.
Avec son charisme et son énergie, elle a su transformer chaque scène en espace de dialogue entre les cultures. Ses concerts sont autant de célébrations que de prises de parole, où le wassoulou ancestral se marie aux rythmes modernes pour toucher un public planétaire.
Une voix tournée vers l’avenir
Fatoumata Diawara ne cesse de rappeler que son rôle ne se limite pas à chanter : « Je veux utiliser ma voix pour donner espoir et montrer que l’Afrique a des choses à offrir au monde. » Après plus de deux décennies de carrière, son parcours reste jalonné de projets ambitieux, et son influence dépasse largement le cadre musical.
À l’image de sa voix envoûtante, Fatoumata Diawara est devenue un symbole : celui d’une tradition malienne qui résonne aux quatre coins du globe, et qui continue d’écrire son histoire.
L'indépendant
Awa D TRAORE
Assitan TOURÉ
MALIKUNAFONI










































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