Tensions entre le Premier ministre Ousmane Sonko et l’Union des magistrats du Sénégal : l’audience contestée

Une crise profonde oppose actuellement le Premier ministre Ousmane Sonko à l’Union des magistrats du Sénégal (UMS). Au cœur de cette confrontation, les propos accusateurs du chef du gouvernement envers certains magistrats qualifiés de « corrompus », suite au rejet par la justice de sa demande de réexamen dans un procès pour diffamation.

Selon plusieurs sources proches du dossier, la quasi-totalité des magistrats a rejeté avec fermeté l’audience proposée par la Primature pour ce mercredi 9 juillet 2025. Ce refus traduit une vive irritation du corps judiciaire face à des accusations jugées « outrageantes » et une absence d’excuses publiques. Habituellement prompte à réagir aux attaques contre la justice, l’UMS est restée silencieuse ces derniers jours, suscitant surprise et interrogation dans le milieu judiciaire.

Des voix au sein de la hiérarchie judiciaire ont suggéré d’alerter directement le président de la République, mais cette option est largement contestée par la majorité des magistrats qui y voient une manœuvre risquant de diviser l’exécutif. La base des magistrats, consultée via les groupes internes de l’UMS, s’oppose clairement à toute rencontre avec le Premier ministre, craignant un dialogue unilatéral sans possibilité de répondre aux accusations.

De son côté, la Primature dément formellement avoir sollicité cette audience, qualifiant de « initiatives individuelles » toute démarche en ce sens. Pourtant, un message officiel, émanant du conseiller en communication du Premier ministre et adressé au président de l’UMS, confirme la proposition de rencontre, présentée comme le prélude à une série de dialogues avec les acteurs du secteur judiciaire.

Cette situation met en lumière une fracture préoccupante entre le pouvoir exécutif et le corps judiciaire, alimentant les débats sur la stabilité des institutions et la préservation de l’État de droit au Sénégal. L’enjeu dépasse le simple affrontement entre personnalités : il questionne les fondements mêmes de la démocratie et la confiance entre les pouvoirs.

Oura KANTÉ

Malikunafoni