top of page

Santé reproductive au Mali : les femmes sourdes face au silence des services publics


Au Mali, des milliers de femmes sourdes-muettes et malentendantes se heurtent chaque jour au mur de la communication, privées d’informations essentielles sur leur santé sexuelle et reproductive. Une situation alarmante qui met en péril leur bien-être, mais à laquelle des acteurs locaux tentent de répondre.


« Certaines femmes enceintes évitent les centres de santé parce qu’elles ne peuvent pas se faire comprendre. C’est une question de dignité et de survie », déplore Balkissa Maïga, présidente de l’Association Malienne des Sourds (AMASOURD), que nous avons rencontrée dans les locaux de l’école des sourds-muets à l’Hippodrome, à Bamako.

 

Selon elle, les campagnes de sensibilisation à la télévision, dans les écoles ou dans les quartiers ne prennent pas en compte les femmes ayant une déficience auditive. Résultat : plus de 4 300 d’entre elles, selon les chiffres de son organisation, sont exclues de l’accès aux soins de santé reproductive. Faute d’interprètes en langue des signes ou de personnels médicaux formés, certaines renoncent à consulter et se tournent vers l’automédication ou les herboristes.

 

Pourtant, des solutions commencent à émerger. L’AMASOURD a initié des formations pour le personnel de santé et mène des séances de sensibilisation adaptées dans les écoles. Kadiatou Djiguiba, élève malentendante, témoigne de leur importance : « C’est à l’école que j’ai compris ce qu’étaient les règles. À la maison, on n’en parlait jamais. »

 

Sur le terrain, les besoins sont encore immenses, mais l’engagement des acteurs locaux montre qu’un accès équitable à la santé pour toutes est possible — à condition que les politiques publiques entendent enfin les voix de celles que le système oublie.

 

Par

Oura KANTÉ

Malikunafoni

Komentarze


bottom of page