Rokia Traoré : une artiste malienne entre traditions mandingues et scène internationale.
- malikunafoninet
- 18 juin
- 3 min de lecture

Née le 24 janvier 1974 à Kati, dans la banlieue de Bamako, Rokia Traoré est originaire du peuple bambara, issu de la région de Bélédougou. Fille d’un diplomate, elle grandit entre plusieurs pays — Algérie, Arabie Saoudite, France et Belgique — une jeunesse marquée par le voyage et les échanges culturels qui forgeront sa sensibilité artistique.
Son univers musical mêle subtilement les traditions mandingues du Mali à des influences modernes issues de l’Occident. Elle débute dans la musique en 1995 à Bamako, sous la direction artistique d’Ali Farka Touré. Deux ans plus tard, elle se fait remarquer en Europe lors d’un concert au festival « Musiques métisses » à Angoulême, et décroche dans la foulée le prix « Découverte Afrique » de Radio France Internationale (RFI).
Son premier album, Mouneïssa, sort en 1998, suivi d’une tournée sur le Vieux Continent. En 2000, elle confirme avec Wanita, puis avec Bowmboï (2003), un opus salué pour ses collaborations avec le célèbre quatuor à cordes américain Kronos Quartet. Elle entame alors une tournée mondiale.
Une artiste engagée et éclectique
En 2001, elle rejoint le collectif Les Voix de l’Espoir, créé par Princess Erika, pour le titre Que serai-je demain ?. En 2003, elle reçoit le prestigieux prix des World Music Awards de la BBC Radio 3. Influencée par Billie Holiday, Rokia Traoré participe en 2005 au spectacle Billie & Me, présenté aux États-Unis, en hommage à la chanteuse jazz.
En 2006, elle crée Wati, un spectacle inspiré de Mozart, imaginé par le metteur en scène américain Peter Sellars, dans lequel le compositeur est réincarné en griot mandingue. La pièce est jouée à Vienne, puis à Londres et à Paris.
Son quatrième album, Tchamantché, voit le jour en 2008. Il contient une reprise du célèbre The Man I Love de Billie Holiday. L’opus lui vaut une Victoire de la musique en 2009 (catégorie « musiques du monde »), ainsi que le titre de meilleure artiste aux Songlines Music Awards à Londres.
De la musique au théâtre, un parcours multiple
Rokia Traoré explore aussi le théâtre. En 2010, elle collabore de nouveau avec Peter Sellars, cette fois avec l’écrivaine Toni Morrison, pour le spectacle Desdemona. En 2012, elle participe à la tournée Africa Express au Royaume-Uni et partage la scène avec Damon AlbaBlur, Gorillaz).
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Artiste engagée, elle chante lors de la cérémonie de clôture de la CAN 2017 à Libreville (Gabon), aux côtés de quatre autres artistes féminines, pour sensibiliser à la lutte contre le cancer du sein.
Retour aux racines et transmission culturelle
Installée en France, à Amiens, dans les années 1990, Rokia Traoré retourne vivre à Bamako en 2009. Pour elle, ce retour
marque un tournant : « Depuis dix ou quinze ans, beaucoup d’artistes choisissent de revenir vivre en Afrique, ou d’y ouvrir des lieux. Ils proposent des récits enracinés dans leurs pays. C’est une première depuis la fin de l’ère coloniale. Petit à petit, cela crée un public. »
En 2017, au Festival d’Avignon, elle présente Dream Mande Djata, une œuvre retraçant l’épopée de Soundiata Keïta. Alliant tradition orale, rigueur historique et modernité scénique, elle met en lumière l’importance de la charte du Manden, considérée comme l’une des premières déclarations des droits humains. Elle travaille sur ce projet avec la griotte Bako Dagnon, le joueur de cora Mamadyba Camara et le musicien Mamah Diabaté. Le spectacle est interprété en français et en mandingue.
Une artiste dans la tourmente judiciaire
Entre 2013 et 2018, Rokia Traoré partage sa vie avec Jan Goossens, dramaturge et directeur artistique belge. De leur union naît une fille, en 2015.
Haoua Sangaré
Malikunafoni










































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