Pédocriminalité : en Guinée, les victimes d’un frère religieux attendent toujours justice, huit ans après sa mise en examen
- malikunafoninet
- 7 nov.
- 2 min de lecture

« C’est extrêmement long pour mes clients », s’indigne Me Nadia Debbache, avocate de plusieurs victimes guinéennes de Frère Albert.
Huit ans après sa mise en examen en France pour viols et agressions sexuelles commis en Guinée, ce religieux de 82 ans n’a toujours pas été jugé. Un silence judiciaire qui plonge les victimes africaines dans l’amertume et ravive les accusations d’impunité dans les affaires de pédocriminalité impliquant des religieux.
Un ancien directeur d’école tout-puissant à Conakry
Entre 1992 et 2002, Frère Albert — membre de la Congrégation des Frères du Sacré-Cœur — dirigeait une école réputée à Conakry. Derrière cette façade d’autorité éducative, il aurait profité de sa position pour abuser de jeunes garçons, pour la plupart élèves ou joueurs de l’équipe de football qu’il entraînait.
Rappelé en France en 2002 après les premières dénonciations, il a fini par reconnaître ses actes lors d’une enquête de Cash Investigation diffusée en 2017. Devant la caméra, il confiait : « En Guinée, j’étais à un moment donné comme un intouchable. » L’homme admettait également avoir tenté d’acheter le silence de certaines victimes avec de l’argent.
Une procédure au ralenti malgré les aveux
Mis en examen en 2017 pour « viols et agressions sexuelles sur mineur », Frère Albert vit depuis dans une maison de retraite du Puy-en-Velay, sous contrôle judiciaire. Malgré la gravité des faits et ses propres aveux, le dossier s’enlise : le parquet de Clermont-Ferrand a demandé son renvoi devant la cour criminelle départementale en décembre 2024, mais le juge d’instruction n’a toujours pas rendu sa décision.
Pour les victimes, cette lenteur est synonyme d’injustice. « L’une d’elles est décédée avant d’avoir pu témoigner devant un tribunal », déplore leur avocate. Sa sœur poursuit aujourd’hui la procédure, déterminée à obtenir réparation.
La colère des associations et le silence de l’Église
Face à cette inertie, l’association Mouv’Enfants, engagée contre les violences faites aux mineurs, dénonce une justice à deux vitesses et réclame une extension de l’enquête à la Côte d’Ivoire, où le religieux aurait également exercé.
De son côté, la défense de Frère Albert estime que les faits « ne sont pas comparables à d’autres scandales » de l’Église.
Quant à la Congrégation des Frères du Sacré-Cœur, elle affirme que « l’affaire est désormais entre les mains de la justice », refusant tout autre commentaire.
La peur d’un procès posthume
Les victimes redoutent désormais que la lenteur de la justice n’aboutisse à un non-lieu faute de temps. « Nous craignons que l’on attende sa mort pour classer l’affaire », souffle un membre de Mouv’Enfants.
Dans un contexte où l’Église tente de redorer son image face aux scandales de pédocriminalité, le sort judiciaire de Frère Albert devient un symbole : celui du long combat des victimes africaines pour que la justice traverse enfin les frontières et les silences institutionnels.
Source Afrik.com
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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