Procès des équipements militaires : les preuves manquent, les doutes persistent
- malikunafoninet
- 28 juin
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Alors que la quatrième semaine du procès sur l’acquisition de l’avion présidentiel et des équipements militaires touche à sa fin, les audiences se multiplient mais ne dissipent pas les zones d’ombre. Témoignages, documents partiels, archives disparues et réquisitoires se succèdent sans livrer de certitudes.
"Il n’existe aucun lien de subordination entre le ministre de la Défense et les directeurs techniques. Toute demande devait passer par la chaîne hiérarchique", a rappelé à la barre le général de brigade Yoro Sidibé, lundi 23 juin, pointant des irrégularités dans la procédure de commande.
Entre livraisons attestées et documents contestés
Depuis deux semaines, la Cour d’assises spéciale entend des témoins venus confirmer la réception effective du matériel livré par la société Guo Star. Mais le Bureau du Vérificateur général reste formel : des écarts notables existent, notamment sur les équipements de campement, d’alimentation et les véhicules.
Le général Sidibé, directeur du Commissariat des Armées, a défendu les livraisons sur la base de tableaux de suivi internes. La Cour, elle, a identifié plusieurs incohérences, notamment sur les quantités reçues. Le général a évoqué des "tableaux provisoires", établis avant la fin des livraisons.
Archives disparues, responsabilités diluées
Autre témoignage-clé : celui d’Ousmane Diarra de la DGABE, qui a confirmé l’implication de son service dans les réceptions... tout en indiquant que toutes les archives ont été détruites dans un incendie en août 2016. Seuls subsistent des souvenirs et des procès-verbaux partiels, dont la fiabilité reste débattue.
Même flou dans les déclarations de Bréma Sow, actuel DFM du ministère de la Défense. S’il affirme que le contrat avec Guo Star a été "exécuté à 100%", la Cour a relevé des anomalies, dont un tableau synoptique antidaté. Sow plaide l’"erreur humaine", mais le doute s’installe.
Des témoignages à géométrie variable
Abou Berthé, ancien contrôleur financier, confirme l’exécution de deux paiements de 22 milliards FCFA, mais avoue n’avoir jamais eu connaissance du protocole de partenariat.
Quant au colonel Mamourou Togo, chargé de la réception des commandes, il soutient que tout a été livré. Pourtant, plusieurs incohérences dans les PV, dont des signatures contestées, l’ont conduit à faire face à un réquisitoire pour faux et usage de faux, déposé par le parquet.
Nouvelles auditions, peu de certitudes
Mercredi 25 juin, l’agent de la DGABE N’Tio Konaté a validé l’authenticité de ses signatures sur les PV de réception, y compris les plus controversés. Mais cela n’a pas suffi à apaiser les soupçons du parquet, qui a demandé leur rejet pour manque de valeur probante.
La Cour continue d’auditionner d’anciens membres des commissions de réception ce jeudi et vendredi. Reste à savoir si ces nouveaux témoignages permettront d’éclairer une affaire toujours marquée par des archives absentes, des contradictions techniques et une procédure administrative visiblement hors des clous.
Oura KANTÉ
Malikunafoni
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