Procès de l’avion présidentiel : Oumar Tatam Ly, un témoignage clé entre clarté et mise en garde
- malikunafoninet
- 21 juin
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« De mon point de vue, l’État ne doit pas garantir un fournisseur. Cela ne devrait pas se faire », a déclaré l’ancien Premier ministre Oumar Tatam Ly, ce vendredi 20 juin 2025, devant la Cour. Apparu serein et précis lors de son audition en visioconférence, il a livré une déposition dense sur l’acquisition controversée de l’avion présidentiel et des équipements militaires.
Il aura fallu près de cinq heures d’échanges minutieux pour décortiquer un pan entier du dossier explosif de l’avion présidentiel. Devant le juge Bamassa Sissoko et ses assesseurs, Oumar Tatam Ly, Premier ministre au moment des faits (2013-2014), a apporté un éclairage capital sur les décisions ayant conduit à cette acquisition qui continue de hanter les finances publiques maliennes.
Sa comparution, plusieurs fois reportée, était très attendue. Dès l’ouverture de son témoignage à 09h57, l’ancien chef du gouvernement affirme sous serment que l’achat de l’avion a été décidé directement par le président IBK, après des échanges à New York. Tatam Ly dit avoir préconisé la location, jugée plus viable financièrement, mais avoir été désavoué. Il affirme s’être ensuite retiré du processus opérationnel, les contrats ayant été conclus sous l’égide de la Présidence.
Sur le volet des équipements militaires, il se dit totalement écarté des négociations. « J’en ai été informé par voie de presse », confie-t-il à la Cour, dénonçant une gouvernance fragmentée qui a motivé sa démission en avril 2014. Il précise également que des marchés d’envergure, même classés secret-défense, auraient dû être débattus en Conseil des ministres.
Sur les questions techniques, Tatam Ly conteste avoir eu accès aux courriers électroniques impliqués, affirmant n’avoir jamais été officiellement notifié ni consulté via ses canaux professionnels. Il revient également sur une note d’octobre 2013 dans laquelle il aurait évoqué « la bonne règle », assurant qu’il ne s’agissait nullement d’une validation.
Interrogé sur ses rapports avec certains anciens ministres, il confirme avoir souhaité leur départ à deux reprises, sans succès, mais écarte toute idée d’espionnage.
Tout au long de sa déposition, l’ancien Premier ministre affiche une ligne constante : refus de toute responsabilité directe dans la signature des contrats, dénonciation des dysfonctionnements, et défense du rôle du chef du gouvernement dans les grands marchés d’État.
Un témoignage sobre mais incisif qui renforce la quête de vérité judiciaire dans ce dossier lourd, et qui pourrait faire basculer les lignes dans un procès encore loin d’avoir révélé tous ses secrets.
Oura KANTÉ
Malikunafoni
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