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Nigeria : la grève des infirmières suspendue, mais la colère reste sourde

Dernière mise à jour : 12 août

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Le calme est revenu dans les hôpitaux publics nigérians, du moins en apparence. Après plusieurs jours de paralysie, les infirmières et sages-femmes du pays ont décidé de suspendre leur grève d’avertissement entamée le 30 juillet. Cette décision intervient à la suite d’un accord conclu avec les autorités fédérales. Mais derrière cette accalmie se cache une tension persistante et un malaise plus profond au sein du corps soignant.

 

Une mobilisation révélatrice d’un système à bout de souffle

 

La protestation, initiée par l’Association nationale des infirmiers et sages-femmes du Nigeria (NANNM), a été déclenchée pour dénoncer des conditions de travail jugées insoutenables. Sous-payées, surchargées, peu considérées, les professionnelles de santé publiques ont dressé un tableau alarmant : salaires bas, absence de primes, contrats précaires et pénurie de personnel.

 

Dans un pays où les services de santé peinent à répondre aux besoins croissants de la population, cette grève a mis en lumière l’ampleur de la crise. Slogans, pancartes et messages viraux sur les réseaux sociaux ont martelé une réalité souvent ignorée : sans les soignants, le système de santé s’effondre.

 

Des engagements pris, mais la vigilance demeure

 

L'accord signé avec le gouvernement prévoit une série de mesures, dont une revalorisation salariale, des recrutements supplémentaires et des garanties contre les représailles. Les ministres concernés se sont engagés à agir dans les plus brefs délais pour apaiser les tensions.

 

Mais du côté syndical, la méfiance reste vive. Le président national de la NANNM a prévenu : la trêve actuelle ne vaut que si les engagements sont tenus. À défaut, un nouveau mouvement social n’est pas exclu.

 

Une crise des compétences en toile de fond

 

Le Nigeria est confronté depuis plusieurs années à une fuite inquiétante de ses ressources humaines en santé. L’exode vers l’étranger de milliers d’infirmiers, de sages-femmes et de médecins s’accélère, attirés par des conditions de travail et de rémunération plus favorables. Ce départ massif affaiblit le système de santé national et accroît la pression sur ceux qui restent.

 

Face à cette hémorragie, les revendications actuelles ne relèvent pas seulement de la protestation, mais d’un appel à sauver un secteur en péril. Si rien n’est fait pour améliorer durablement les conditions de travail, le pays risque de voir s’approfondir une crise aux conséquences sanitaires et sociales lourdes.

 

L’attente d’un véritable changement

 

Pour les grévistes, l’heure est à la patience, mais aussi à la surveillance. Ils n’attendent pas de discours, mais des résultats concrets : des fiches de paie améliorées, des hôpitaux mieux équipés, des équipes renforcées. Ce n’est qu’à ce prix que la confiance pourra être restaurée entre les autorités et les soignants.

 

La suspension de la grève marque donc une pause, pas un dénouement. C’est un moment charnière, où tout peut basculer si les promesses tardent. Car derrière les blouses blanches, il y a des femmes et des hommes qui, chaque jour, tiennent le système à bout de bras. Et qui, désormais, exigent qu’on les soigne aussi.

 

Malikunafoni

 

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