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Maurice secouée par le “vol fantôme” de Ravatomanga : Ramgoolam sous pression

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« Il est trop facile de feindre des problèmes cardiaques pour échapper à la justice. »

La pique lancée par le Premier ministre mauricien Navin Ramgoolam devant les députés, lundi, résonne comme un aveu d’embarras. Depuis l’atterrissage inattendu du jet privé de Mamy Ravatomanga, l’exécutif tente d’éteindre un incendie politique devenu affaire d’État.

 

Une arrivée qui interroge toute une République

 

Dans la nuit du 12 octobre, un jet en provenance de Madagascar se pose discrètement à l’aéroport de Plaisance. À bord : l’homme d’affaires malgache Mamy Ravatomanga, réputé proche de l’ancien président Andry Rajoelina, et plusieurs collaborateurs. Officiellement, il s’agissait d’une urgence médicale. Officieusement, tout laisse penser à une fuite soigneusement orchestrée.

 

Face aux députés, Navin Ramgoolam a reconnu une « succession d’excuses confuses » fournies par l’équipage : évacuation sanitaire, tourisme, puis pénurie de carburant. C’est ce dernier motif — couvert par les règles internationales d’assistance — qui a ouvert la voie à l’atterrissage controversé.

 

Un rapport accablant pour l’exécutif

 

Remis au Parlement, le rapport de neuf pages de l’Aviation civile mauricienne remet en cause la version officielle. Il évoque un itinéraire planifié et cite même l’ancien Premier ministre malgache Christian Ntsay comme contact préalable. Un dîner de gala sponsorisé par une compagnie aérienne figure aussi dans le document, accréditant l’idée d’une escale programmée plutôt qu’improvisée.

 

L’opposition, emmenée par Xavier-Luc Duval, parle d’un « scandale d’État » et accuse le gouvernement d’avoir « ouvert la porte à un fugitif sous sanctions internationales ».

 

Des ramifications au-delà de l’océan Indien

 

L’affaire dépasse désormais le cadre mauricien. Selon Ramgoolam, les autorités collaborent avec le FBI et d’autres agences étrangères pour démêler un réseau aux contours financiers et politiques complexes.

Ravatomanga, déjà cité dans l’affaire dite du « Triple 7 » — la vente de cinq Boeing 777 malgaches à une compagnie iranienne pour contourner les sanctions américaines —, est soupçonné d’avoir orchestré un trafic mêlant bois précieux et transferts occultes.

 

Santé ou stratégie d’évitement ?

 

Hospitalisé depuis son arrivée dans une clinique privée, le magnat malgache affirme souffrir de troubles cardiaques. Mais la Commission des crimes financiers (FCC), qui l’a arrêté le 24 octobre avec deux complices présumés, doute de la véracité de ce diagnostic. Le ministère de la Santé a d’ailleurs dépêché une équipe pour une contre-expertise médicale.

 

La démission surprise, dimanche, de Junaid Fakim, ancien commissaire de la FCC et responsable du dossier, renforce les soupçons de pressions politiques. Pour l’opposition, c’est la preuve d’un système à bout de souffle.

 

Un tournant pour Maurice ?

 

L’affaire Ravatomanga pourrait bien marquer un avant et un après dans la lutte contre la criminalité financière dans la région. Entre accusations de complaisance, tensions diplomatiques et enquêtes internationales, l’île Maurice joue une partie délicate : défendre son image de place financière respectable tout en assumant les failles d’un système vulnérable aux influences extérieures.

 

Source Afrik.com

Oura KANTÉ

Malikunafoni

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