"Madou Sidiki Diabaté, l’héritier de la Kora et des traditions mandingues".
- malikunafoninet
- 30 mai
- 3 min de lecture

« Madou Sidiki Diabaté incarne la tradition, l’innovation et la transmission. Il ne joue pas la kora, il la respire. », confiait un des organisateurs du Kriol Jazz Festival 2024 au Cap-Vert, où l’artiste malien a une fois de plus envoûté le public. Rencontre avec l’un des plus grands griots contemporains, au carrefour de l’héritage et de la modernité.
À la source, le feu sacré d’une lignée de griots
Né à Bamako dans les années 80, Madou Sidiki Diabaté est le digne descendant d’une lignée prestigieuse : 71e génération de korafolas, fils du légendaire Sidiki Diabaté – surnommé le « Roi de la Kora » – et de la griotte Mariam Kouyaté. Très jeune, il accompagne ses parents lors des cérémonies traditionnelles. À seulement 3 ans, il bat déjà le tamani, et à 4 ans, reçoit sa première kora. Dès lors, l’apprentissage est instinctif, viscéral.
C’est auprès de son frère aîné, Toumani Diabaté, qu’il affine sa maîtrise. Élève libre, il écoute, observe, absorbe. Après des études à l’Institut National des Arts, il devient assistant de son frère au Conservatoire Balla Fasseké Kouyaté. Dès 1992, il marque l’histoire en étant le plus jeune joueur de kora à enregistrer en solo à la télévision nationale.
Un pionnier de la kora moderne
À partir de 2000, Madou entame une transformation majeure de l’instrument : il ajoute des pédales d’effets, des séquenceurs, crée la première kora midi, et introduit au Mali des machines comme le Yamaha QY. En 2003, il devient le premier programmeur malien de cette technologie. Cette fusion entre tradition et innovation lui ouvre les portes des scènes internationales.
Il accompagne Kandia Kouyaté, Amy Koïta, le Ballet National, puis s’émancipe. En 2006, il sort son premier album solo. Très vite, il est sollicité dans les grands événements du Mali et au-delà : CENSAD, Sommets France-Afrique, mariages royaux ou festivals de jazz internationaux.
Un musicien universel et respecté
Avec plus de 200 festivals et 2 000 concerts à son actif, Madou Sidiki Diabaté a conquis les scènes du monde entier : du Royal Albert Hall à Londres au Carnegie Hall à New York, en passant par l’Australie, l’Inde, la Turquie, l’Afrique du Sud, ou encore le Cap-Vert.
Collaborateur prolifique, il a joué avec Salif Keita, Damon Albarn, Tony Allen, Baaba Maal, Burna Boy, Dee Dee Bridgewater, Brian Eno, Amadou & Mariam, et bien d’autres. Il fut aussi le premier joueur de kora malien à se produire en Inde et à y enregistrer un album live.
Griot moderne, mémoire vivante
Fidèle à son rôle social de djeli, Madou reste enraciné dans sa mission de transmission. Médiateur dans les cérémonies, créateur d’orchestre avec Madou Sidiki & The Manding Griot Groove, il travaille à revaloriser les trésors de la musique mandingue. Il revisite les répertoires du Rail Band, de l’Ensemble Instrumental du Mali, tout en insufflant son propre style.
Distinctions et reconnaissance
Son parcours exceptionnel lui vaut de nombreuses distinctions : Afropepite Award (2008), Songlines Awards (2010, 2022), Prix Kandjoura Coulibaly (2023), et tout récemment, les honneurs de la République du Mali qui l’a élevé au rang de Chevalier des Arts et de la Culture, puis décoré de l’Ordre du Mérite en 2025.
Discographie sélective :
Traditional Kora Music from Mali (2006)
Buru Ju (2009)
Mali Latino (2010)
Live in India (2012)
Midnight Ravers (2015)
Nyama Kala (2019)
Griot Jazz (2022)
Madou Sidiki Diabaté ne se contente pas de faire vivre la kora. Il la réinvente, la projette dans le futur, tout en respectant le souffle ancestral des griots. Entre tradition et innovation, il est devenu une figure tutélaire de la culture mandingue et un pilier de la musique africaine moderne.
Haoua Sangaré
Malikunanfoni










































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