Kiri Kanta, la voix sahélienne du Bénin au rayonnement international.
- malikunafoninet
- 17 juin
- 3 min de lecture

Née le 9 mars 1956 à Parakou, dans le nord du Bénin, Kiri Kanta, de son vrai nom Aina Sanni Dim Aissatou, est l’une des figures emblématiques de la musique traditionnelle béninoise. Artiste aux multiples facettes, elle s’est imposée au fil des décennies comme une ambassadrice du patrimoine musical du Borgou, entre influences sahéliennes et rythmes ancestraux.
Fille d’un artisan goun et d’une mère batonou, Kiri Kanta grandit dans une région fortement marquée par la diversité culturelle. Très tôt, elle se passionne pour les sonorités traditionnelles telles que le Fo Kpai et le Teke des Batonou, le Sinsinnou et l’Aské des Dandis ou encore le Kao, musique rituelle issue du culte Vodoun.
Une trajectoire forgée par les scènes locales
En 1978, elle entre dans la vie active au sein de l’Ibetex, une entreprise textile de Parakou, où elle rejoint l’orchestre de la société : Les Ambassadeurs de l’Ibetex. C’est là qu’elle fait ses premières armes professionnelles, jusqu’en 1981. L’année suivante, elle adopte le nom de scène Kiri Kanta – “Kiri” en raison de sa petite taille – et fait sensation lors d’un concert dans une salle de cinéma de Parakou, imposant une voix à la fois puissante et nuancée.
Elle poursuit son parcours musical en rejoignant plusieurs orchestres à Cotonou, notamment ceux de Tohon Stan et Sagbohan Danialou, deux figures majeures de la scène musicale béninoise. Puis, en 1989, elle franchit une nouvelle étape en devenant chanteuse au sein de l’Orchestre National du Niger, où elle affine davantage son style vocal et scénique.
De l’Afrique de l’Ouest à l’Europe : l’ascension.
En 1990, Kiri Kanta s’installe au Togo, où elle collabore avec la chanteuse Afia Mala sur le morceau Télescopie. L’année suivante, elle revient au Bénin pour enregistrer son premier album, Ignin Mindassan, qui puise dans le riche patrimoine musical béninois.
Sa carrière prend un tournant international après sa participation au Festival Ouidah 92, événement consacré aux cultures afro-descendantes. Elle enchaîne ensuite avec une tournée en Allemagne en 1993, qui aboutit à l’enregistrement de son deuxième album, Contrat abeni, sous le label Voix d’Afrique.
En 1995, elle est honorée par le président Nicéphore Soglo, qui la fait chevalier de l’Ordre du Mérite, une reconnaissance officielle de son apport à la culture nationale. Dès lors, Kiri Kanta multiplie les concerts en Afrique et en Europe : participation au MASA 97 (Marché des arts du spectacle d’Abidjan), prestation au VIe Sommet de la Francophonie, et concert à Cotonou aux côtés de Papa Wemba.
Une artiste enracinée et contemporaine
Parmi ses tournées les plus marquantes, celle de 1996 en Afrique de l’Ouest reste dans les mémoires, avec des étapes en Guinée, au Burkina Faso et au Mali. Elle partage notamment la scène avec le maître de la kora Toumani Diabaté le 11 mai 1996, lors d’un concert salué pour son intensité et sa portée symbolique.
En 2000, elle revient sur le devant de la scène avec Simbori 2000, un album qui redonne vie à une ancienne danse rituelle pratiquée par les jeunes filles au clair de lune, conjuguant tradition et modernité avec subtilité.
Héritage vivant:
Aujourd’hui, Kiri Kanta reste une référence majeure de la musique traditionnelle béninoise. Sa carrière, à la croisée des mondes, témoigne de la force des cultures locales et de leur capacité à dialoguer avec des publics divers. Avec sa voix aux accents sahéliens et son engagement pour la valorisation du patrimoine musical, elle incarne une mémoire vivante du Bénin et de l’Afrique de l’Ouest.
Haoua Sangaré
Malikunafoni










































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