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Journalistes condamnés pour chantage : l’épilogue judiciaire d’un bras de fer avec le Maroc

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« Nous avons commis une faute déontologique, mais il ne s’agissait pas d’un chantage », a tenté de justifier Éric Laurent devant les juges. Près de dix ans après l’éclatement du scandale, la justice française a tranché : Éric Laurent et Catherine Graciet, deux journalistes spécialisés dans le Maghreb, ont été condamnés respectivement à douze et dix mois de prison avec sursis, assortis d’une amende de 5 000 euros, pour avoir tenté d’extorquer de l’argent au roi Mohammed VI du Maroc.

 

Un livre à l’origine du scandale

 

L’affaire trouve ses racines en 2015, lorsque les deux auteurs envisagent de publier un nouvel ouvrage critique sur le souverain marocain, dans la lignée de leur livre à succès Le Roi prédateur paru trois ans plus tôt. C’est alors qu’Éric Laurent entre en contact avec le cabinet royal. Cette initiative ouvre une série de rencontres sous haute surveillance avec un émissaire du palais, rapidement placées dans le viseur de la police française.

 

Des rendez-vous piégés

 

Trois réunions successives se tiennent dans un hôtel parisien. Au dernier rendez-vous, un document est signé : les journalistes acceptent de renoncer à leur projet de livre en échange de deux millions d’euros. À la sortie, ils sont arrêtés avec deux enveloppes contenant chacune 40 000 euros, présenté comme le premier acompte de l’accord. Ces enregistrements et preuves matérielles deviendront l’ossature du dossier d’accusation.

 

Défense fragile et versions divergentes

 

Durant leur procès, les deux journalistes ont reconnu des manquements, tout en contestant le terme de chantage. Éric Laurent a évoqué une proposition venue du Maroc lui-même et admis avoir cédé sous la pression de difficultés personnelles. Sa consœur, Catherine Graciet, a affirmé n’avoir découvert la teneur des négociations qu’en cours de route. Selon elle, l’opération ressemblait davantage à un piège orchestré par Rabat qu’à une extorsion planifiée.

 

Un dossier au-delà du judiciaire

 

Pour le Maroc, cette condamnation est une victoire symbolique : Rabat a suivi l’affaire de près, considérant qu’elle visait directement l’honneur du roi. Pour les défenseurs de la liberté de la presse, le dossier laisse toutefois des zones d’ombre : méthodes employées par les services marocains, rôle joué par l’État français, et ambiguïtés d’un système où journalisme d’investigation et diplomatie s’entrechoquent.

 

Un verdict qui ferme un chapitre, mais pas les débats

 

Avec cette décision, la justice française met un point final à une procédure longue et sensible. Mais au-delà des peines prononcées, ce procès relance le débat sur l’éthique journalistique, les limites de l’investigation face aux pressions politiques et la manière dont certains régimes entendent protéger leur image sur la scène internationale.

 

Source Afrik.com

Oura KANTÉ

Malikunafoni

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