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"Fodé Baro, l’Aventurier de l’Afro-Zouk-Mandingue".

Fodé Baro, artiste guinéen.
Fodé Baro, artiste guinéen.

Issu de la prestigieuse lignée maraboutique des Walihou, Fodé Baro est né à Kissidougou, dans la région de Kankan, en Guinée. De père peulh, Ibrahim Kalil Baro, et de mère mandingue, Samantenin Touré, il grandit dans une atmosphère religieuse et culturelle riche. Très tôt, il est captivé par les sonorités de son pays, et notamment par la voix emblématique du regretté Aboubacar Demba Camara, légende guinéenne des années 70.

 

À l’école, le jeune Fodé se distingue par ses talents artistiques : théâtre, ballet, percussions… Il brille dans les événements culturels scolaires et se fait remarquer jusqu’au plus haut sommet de l’État. « Il fut le plus jeune artiste sous le régime du président Sékou Touré à participer aux grands cocktails présidentiels », se souvient M. Djapi Diawara, producteur parisien de musique mandingue.

 

Mais cette passion pour la musique n’est pas bien vue par sa famille. Rejeté, il abandonne ses études et quitte la Guinée. Destination : la Sierra Leone, où il trouve refuge dans les années 80. Là-bas, il apprend le solfège auprès d’un prêtre catholique français, tout en participant pendant cinq ans aux messes, malgré sa foi musulmane.

 

De retour en Guinée en 1985, son destin prend un tournant décisif. Il croise la route de Myriam Makeba, icône sud-africaine, qui lui confie l’introduction de l’orchestre de sa fille, Bongui Makeba. Une collaboration fructueuse qui donne naissance à un 30 cm et une tournée européenne. Fodé Baro impose alors sa signature de bassiste sur les scènes du continent.

 

À la disparition de Bongui, il rejoint la formation des "Messagers" de Mory Findian et fréquente les plus grandes voix du mandingue : Mory Kanté, Sory Kandia, Salif Keïta… En 1990, fort de cette expérience, il pose ses valises à Paris pour poursuivre son perfectionnement à l’école de musique de la Bastille. C’est là qu’il affine son style et invente un genre inédit : l’Afro-Zouk-Mandingue, fusion de zouk, soukous, rythmes traditionnels africains et modernité.

 

« Je ne suis pas qu’un zoukeur. Je veux faire connaître la musique guinéenne en la métissant », affirme-t-il.

 

En 1992, accompagné de l’arrangeur Philippe Guez, il sort son premier album solo Donsokey (le chasseur). C’est un succès fulgurant : révélation de l’année, meilleur arrangement. Suivront d’autres projets, notamment avec M. Sylla de Syllart Production, qu’il surnomme affectueusement "Papa".

 

Entre 1993 et 1996, Fodé participe à la compilation Sans Papiers, aux côtés de figures comme Koffi Olomidé, Magic System ou Déesse, pour dénoncer la politique migratoire française. Mais c’est en 1999 que vient la consécration avec L’Aventurier, porté par le tube Yirikikiki. L’album décroche les prix de meilleur album et meilleur clip, décernés par la

 

radio Africa N°1 à Libreville en 2000.

 

Toujours engagé, l’artiste rend hommage à Conakry dans Les Leaders de Guinée (2002), saluant la fidélité de son peuple. Cette même année, il quitte Syllart Production pour lancer son propre label et signe Sangali, son premier album en autoproduction. Un retour aux sources et un hommage à la musique mandingue dans toute sa richesse acoustique.


Une voix engagée pour l’Afrique, artiste engagé, Fodé Baro met sa musique au service des grandes causes. Sangali est un hymne à l’amour, un plaidoyer contre le racisme, la misère, la guerre civile, et pour la tolérance et la solidarité humaine. « La diversité est une richesse, et le respect de l’autre, une nécessité »,martèle-t-il.

 

Dans Libération, il rend un hommage poignant à Katoucha Niane, top model guinéenne disparue à Paris en 2008. Il célèbre sa beauté, son engagement contre l’excision, et sa contribution à la visibilité des femmes africaines à travers le monde.

 

Fodé Baro est bien plus qu’un musicien. Il est une voix, une force, un pont entre tradition et modernité, entre l’Afrique profonde et les scènes du monde. Un aventurier, au sens noble du terme.


Haoua Sangaré

Malikunafoni

 

 

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