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Bénin : la Cour constitutionnelle appelée à trancher dans l’affaire Sodjinou, symbole d’un bras de fer entre justice et politique

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« Ce n’est pas une simple fiche, c’est une question de principe », confie un proche du député Michel Sodjinou, en attendant la décision de la Cour constitutionnelle ce lundi 20 octobre.

 

Au Bénin, l’affaire du parrainage du député d’opposition Michel Sodjinou, issue du parti Les Démocrates, cristallise les tensions entre pouvoir judiciaire et discipline partisane. La haute juridiction doit se prononcer ce lundi sur un recours déposé par le parti, contestant une décision du tribunal de Cotonou jugée « incompétente » et « intrusive ».

 

Un conflit interne devenu affaire d’État

 

Tout est parti d’un différend autour d’une fiche de parrainage que le député Sodjinou réclamait à sa formation politique. Face au refus du parti de lui restituer le document, indispensable pour soutenir une candidature à la présidentielle de 2026, l’élu a saisi le tribunal de Cotonou.

Le 13 octobre, la juridiction a tranché en sa faveur, ordonnant à Boni Yayi, président du parti Les Démocrates, de lui remettre la fiche, sous peine d’annulation du document par la Commission électorale nationale autonome (CENA). En cas de non-exécution, la CENA était autorisée à délivrer une nouvelle fiche au député.

 

Conformément à cette ordonnance, la CENA a effectivement annulé la fiche initiale. Une décision que le parti d’opposition juge « illégale », estimant que seul le juge constitutionnel peut connaître d’un acte de nature politique.

 

Les Démocrates dénoncent une « ingérence judiciaire »

 

Pour Les Démocrates, cette affaire dépasse le simple cadre administratif : elle pose la question de la souveraineté des partis politiques face à l’intervention des tribunaux.

« Le parrainage est un acte politique, non justiciable devant un tribunal ordinaire », soutient un membre du bureau politique, qui y voit « une dangereuse immixtion du pouvoir judiciaire dans la vie interne des formations partisanes ».

 

De l’autre côté, les soutiens du député Sodjinou défendent son recours comme un droit individuel à disposer librement de son parrainage. « Empêcher un élu d’utiliser sa fiche revient à priver un représentant du peuple de son autonomie politique », affirme un de ses alliés.

 

Le parrainage, un enjeu de pouvoir depuis 2019

 

Introduit par la réforme constitutionnelle de 2019, le système de parrainage conditionne toute candidature présidentielle à l’obtention d’un soutien d’élus — députés ou maires. Dans un Parlement dominé par les partis proches du pouvoir, ces fiches sont devenues un levier stratégique et un outil de contrôle politique.

 

Pour Les Démocrates, cette configuration contribue à verrouiller le jeu électoral et à marginaliser l’opposition, déjà fragilisée par un déficit de représentation. L’affaire Sodjinou illustre alors les fractures internes entre loyauté partisane et liberté individuelle, deux valeurs souvent difficilement conciliables.

 

Une décision à fort impact politique

 

En se prononçant, la Cour constitutionnelle devra clarifier un point de droit essentiel : les tribunaux ordinaires peuvent-ils intervenir dans des différends liés à des actes politiques ? La réponse pourrait faire jurisprudence et redéfinir les rapports entre justice, partis politiques et institutions électorales.

 

Dans les rangs de l’opposition, l’attente est fébrile. Car au-delà du sort d’une fiche de parrainage, c’est tout l’équilibre du processus électoral béninois qui pourrait être reconfiguré à l’approche de la présidentielle de 2026.

 

Source Afrik.com

Oura KANTÉ

Malikunafoni

 

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