Audit des partis politiques au Mali : transparence assumée ou règlement de comptes ?
- malikunafoninet
- 23 juin
- 2 min de lecture

Dans une atmosphère de refondation politique, la Section des Comptes de la Cour Suprême du Mali a lancé un audit sans précédent sur le financement public des partis politiques entre 2000 et 2025. Un tournant décisif dans la quête de moralisation de la vie publique, qui suscite à la fois adhésion et suspicion.
Bamako, juin 2025 — « Chaque franc doit être justifié. Il s’agit d’un devoir de transparence envers le peuple malien », affirme une source judiciaire proche de la Cour Suprême, qui supervise une opération de vérification inédite sur vingt-cinq années de financement public des partis politiques.
Depuis l’abrogation de la Charte des partis et la dissolution officielle des formations politiques en avril dernier, cet audit, demandé par la plus haute juridiction du pays, prend une dimension particulière. Ce n’est plus seulement une affaire de chiffres, mais un acte politique fort, enraciné dans la volonté de rompre avec les pratiques du passé.
La Cour a sommé les anciens présidents des 64 partis ayant perçu près de 2,7 milliards de FCFA – soit 0,25 % des recettes fiscales – de fournir d’ici le 30 juin tous les justificatifs comptables liés à l’utilisation de ces fonds publics. Journaux de caisse, relevés bancaires, pièces justificatives : l’exhaustivité est exigée. Objectif ? Tracer l’usage de l’argent public, détecter d’éventuelles fraudes, et rétablir la confiance.
Des conséquences multiples à venir
Les retombées s’annoncent lourdes. Si des irrégularités sont prouvées, les responsables politiques concernés risquent des poursuites pénales et des sanctions civiles, y compris le remboursement des fonds détournés. L’État malien prévoit également un mécanisme actif de recouvrement.
Politiquement, l’audit consolide le discours des autorités de Transition qui justifient la dissolution des partis par la faillite morale de l’élite précédente. Ce processus, perçu comme un "nettoyage" du paysage politique, pourrait aussi renforcer l’argument de prorogation de la Transition, et baliser la voie vers un nouveau cadre législatif plus strict pour les futures formations.
Entre approbation et suspicion
Si une partie de l’opinion publique salue une démarche de salubrité politique, d'autres y voient une possible "chasse aux sorcières". Des anciens dirigeants dénoncent un acharnement sélectif. Mais pour les autorités, c’est avant tout une exigence de transparence, en réponse aux consultations nationales d’avril dernier.
Cet audit, à la croisée de la politique, de la justice et de la gouvernance, pourrait servir de socle à une nouvelle éthique républicaine au Mali. Une chose est sûre : il marque un tournant dans la manière de rendre des comptes et de considérer l'argent public, dans un pays qui aspire à la rupture et à la souveraineté.
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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