« Appels à l’intifada » : le Maroc saisit la justice turque contre la Nobel Tawakkol Karman
- malikunafoninet
- 28 oct.
- 2 min de lecture

« La liberté d’expression ne saurait servir de prétexte à la violence », affirme l’avocat marocain Mourad Elajouti, en annonçant le dépôt d’une plainte contre Tawakkol Karman, prix Nobel de la paix 2011. L’association qu’il dirige accuse la militante yéménite, installée à Istanbul, d’avoir tenu sur les réseaux sociaux des propos « incitant à la rébellion » contre les institutions marocaines.
Une plainte déposée à Istanbul
Le collectif d’avocats marocains a officiellement saisi la justice turque, invoquant plusieurs articles du code pénal turc relatifs à l’incitation à la haine, à la participation à des actes terroristes et aux injures publiques envers un chef d’État étranger. Selon leur communiqué, les publications visées sur la plateforme X (ex-Twitter) contiendraient des appels à une « intifada » au Maroc, interprétés comme une forme d’incitation à la sédition.
Le parquet turc a été alerté par voie diplomatique, une démarche qui s’appuie sur la coopération bilatérale en matière de lutte contre le terrorisme numérique entre Rabat et Ankara. « Il s’agit d’une action strictement juridique, non politique », précise Me Elajouti, soucieux de dissiper toute lecture géopolitique du dossier.
Une affaire aux résonances politiques et diplomatiques
Si la plainte est formellement déposée par une structure civile, l’initiative s’inscrit dans un contexte régional tendu, où le Maroc multiplie les alertes sur les « campagnes hostiles » perçues comme des tentatives de déstabilisation via les réseaux sociaux.
La question soulevée dépasse le simple cadre judiciaire : elle interroge la responsabilité des figures publiques en exil dont les prises de position en ligne peuvent avoir un impact politique transfrontalier.
Les autorités marocaines considèrent que les publications de la militante yéménite « dépassent la critique légitime » pour relever du discours de haine, tombant sous le coup des articles 216, 312, 314 et 340 du code pénal turc, ainsi que de la loi antiterroriste 3713.
Une icône du « Printemps arabe » face à une nouvelle controverse
Installée à Istanbul depuis 2015, Tawakkol Karman est connue pour son franc-parler et ses positions tranchées sur les régimes arabes. Lauréate du prix Nobel de la paix en 2011 pour son rôle dans la révolution yéménite, elle s’est imposée comme symbole de la liberté d’expression et de la mobilisation citoyenne dans le monde arabe.
Mais ses récentes prises de parole en ligne, jugées « provocatrices » par Rabat, risquent de rouvrir le débat sur la frontière entre engagement militant et incitation politique.
Une procédure encore floue
Pour l’heure, aucune date d’audition n’a été communiquée et le contenu précis du dossier transmis à la justice turque demeure confidentiel. Ankara n’a pas officiellement réagi. Toutefois, cette affaire pourrait tester les équilibres diplomatiques entre la Turquie et le Maroc, deux pays unis par des liens économiques mais attentifs à leurs souverainetés respectives.
Entre la liberté d’expression revendiquée par la militante et la lutte contre les discours de haine mise en avant par Rabat, la confrontation juridique s’annonce complexe. Reste à savoir si la justice turque considérera les propos de Tawakkol Karman comme une opinion militante — ou comme un appel à la désobéissance passible de poursuites.
Source Afrik.com
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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