13 ans à la présidence de la Chambre des Mines du Mali
Comment le baron de l’Adema-Pasj Abdoulaye Pona a pris en otage l’institution consulaire
Au Mali, on a tendance à apprécier le fameux adage sur le pouvoir (leadership) :« Tout comme de l’alcool. Plus tu prends une gorgée, plus tu as encore cette folle envie d’en prendre encore et encore jusqu’à ce que l’ivresse s’en suive. A la chambre des mines, malgré la fin de son mandat depuis 2016 et sous la baraka de ses compagnons, barons de partis politiques, le président Pona arrive toujours à se maintenir à la tête de l’institution. Qui encouragerait la violation des textes au point de transformer la chose publique en celle d’une mafia installée dans les locaux de CCM.
Composée de 100 membres titulaires et de 100 membres suppléants tous élus pour 5 ans, la chambre des mines est une institution consulaire créée par la loi n°04-006 du 14 janvier 2004 qui la définit comme un établissement public à caractère professionnel doté de la personnalité́ morale et de l’autonomie financière. Elle est placée sous la tutelle du Ministère chargé des Mines. Selon le décret n° 2018-0656/P-RM du 8 août 2018 fixant son organisation et ses modalités de fonctionnement, l’Assemblée consulaire est l’organe délibérant de la Chambre des Mines. Et, les rédacteurs dudit document ont été on ne peut plus clair la dessus. « Lorsque les élections n’ont pas lieu à terme échu, le mandat de l’Assemblée consulaire et du Bureau de la Chambre des Mines est prorogé par arrêté du ministre de tutelle pour une période maximale de six mois. A l’issue de ce délai, si l’élection n’a toujours pas lieu, il est institué́ un collège transitoire qui fait office de Bureau » Hélas ! Au sein de cet établissement, les règles du jeu n’y sont plus depuis des lustres et ce, depuis la venue d’un président refusant toujours de débarrasser le planché afin que les lignes bougent dans ce secteur aussi vital pour le secteur minier en particulier et l’économie Malienne en générale. Un mandat devenu périmé depuis 2016, l’homme refuse toujours de convoquer une assemblée élective pour le renouvellement du bureau dudit établissement. Qui protège qui ? Des gros poissons sous les roches au fin fond du fleuve djoliba ? Ou les différents ministres en charge de la question ont –t-il été contraints de fermer les yeux sur ces violations des textes de la Chambre des Mines par un individu qui la (Chambre des mines) voit comme une sorte d’héritage familial. Pourtant, comme stipulé dans les textes, le mandat du président de la CMM est de 5 ans. A titre de rappel, le 24 février 2016, prenait fin le mandat du président Pona. Le ministre des Mines de l’époque, après la fin du mandat de M. Pona, l’avait prorogé de six mois pour non-convocation du collège transitoire. En outre, le décret ainsi que l’Arrêté du ministre permettant la prorogation du mandat et l’installation dudit collège, attaqués par M. Pona devant la Cour suprême, ont tous été annulés début août 2016. Car pour la Cour, les textes étaient en porte-à-faux avec la loi portant création de la Chambre des Mines. Donc M. Pona devrait rester à la tête de la CMM jusqu’à la mise en place de la Commission de relecture qui a abouti à l’adoption en 2018 du Décret n° 2018-0656/P-RM du 08 août 2018 fixant l’organisation et les modalités de fonctionnement de la Chambre des mines. Une chose qui fut profitable pour un assoiffé de leadership. Toutes les cartes sont à jouer pour s’éterniser illégalement à la tête de l’établissement minier (Chambre des mines du Mali). Les acteurs du secteur minier espèrent encore ! Et reste convaincu d’une très proche future réaction de la part du chef de département en charge des questions minières. Car ce dernier est nul doute dans l’obligation de prendre ses responsabilités et faire respecter les textes de ce pays. Il est temps de sérieusement temps de mettre un collège transitoire qui aura pour mission d’organiser l’élection d’un président légal conformément aux textes de la Chambre des Mines du Mali. Et…, maintenant avant que la crise ne s’y installe.
Bechir Ben Haidara, le Chérif
