États-Unis – Eswatini : l’expulsion de migrants vers un pays tiers interroge
- malikunafoninet
- 17 juil.
- 2 min de lecture

« On ne peut pas expulser des gens vers un pays où ils n’ont ni attache, ni repère », s’indigne un spécialiste des droits humains. L’envoi de cinq migrants asiatiques et caribéens en Eswatini par les États-Unis suscite une vive controverse.
C’est une décision qui fait couler beaucoup d’encre. Le 15 juillet 2025, les autorités américaines ont procédé à l’expulsion de cinq migrants — originaires du Vietnam, du Laos, du Yémen, de Cuba et de la Jamaïque — vers l’Eswatini, un petit État d’Afrique australe, sans lien direct avec les personnes concernées. Ce choix, inédit et surprenant, ouvre un débat sur la légalité et la moralité des expulsions vers des pays tiers.
Un transfert jugé arbitraire
Faute d’accords de réadmission avec les pays d’origine, et confrontées à leur refus d’accueillir ces ressortissants, les autorités américaines ont choisi de les transférer vers un pays tiers, en l’occurrence l’Eswatini. Ce royaume enclavé, dirigé par le roi Mswati III, n’a pas officiellement réagi à cette arrivée. Mais la manœuvre américaine suscite des interrogations sur l’existence de protocoles secrets ou d’ententes discrètes facilitant de tels transferts.
Pour plusieurs organisations de défense des droits humains, cette pratique s’apparente à une externalisation des expulsions dans des pays peu regardants sur les garanties juridiques et les conditions d’accueil.
Une politique migratoire de plus en plus opaque
Ce n’est pas un cas isolé. Quelques jours plus tôt, huit autres migrants avaient été déportés au Soudan du Sud, un pays instable et ravagé par les conflits. Les défenseurs des droits dénoncent une tendance inquiétante : l’administration Trump semble contourner les refus diplomatiques ou les obstacles judiciaires en transférant de force des migrants dans des pays sans lien culturel, linguistique ou géographique avec eux.
Cette stratégie s’inscrit dans une ligne dure : celle d’une politique migratoire qui continue de placer la fermeté au-dessus du droit, quitte à créer des précédents risqués sur le plan humanitaire et légal.
Silence et flou diplomatique
L’administration américaine justifie ces expulsions en invoquant la dangerosité présumée des personnes concernées, qualifiées de « criminels étrangers en situation irrégulière ». Mais en l’absence de transparence sur les procédures suivies, les critères d’évaluation et les accords passés avec les pays tiers, les inquiétudes grandissent.
L’Eswatini, qui n’est ni signataire de nombreux traités internationaux en matière d’asile ni habitué à gérer des flux migratoires extra-africains, pourrait rapidement se retrouver au cœur d’un contentieux diplomatique et éthique. Le mutisme de ses autorités ne fait qu’ajouter au trouble.
Vers une normalisation des transferts vers des pays tiers ?
Pour de nombreux observateurs, ces expulsions ouvrent la voie à une nouvelle phase de la politique migratoire américaine : discrète, externalisée, et juridiquement discutable. Si cette pratique venait à se généraliser, elle pourrait inspirer d’autres gouvernements tentés de se défausser de leurs obligations internationales en matière de migration.
Ce dossier, déjà qualifié de dérive par certains experts, appelle à une vigilance accrue. Car au-delà du cas particulier des cinq migrants, c’est la question du respect des droits fondamentaux qui est posée, dans un contexte mondial de durcissement des politiques migratoires.
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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