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Sénégal–FMI : Washington, le rendez-vous décisif pour restaurer la crédibilité budgétaire

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« Le FMI est prêt à agir rapidement, à condition que les engagements nécessaires soient pris », a déclaré Kristalina Georgieva à Washington.

Cette phrase résume l’enjeu crucial des négociations engagées entre le Sénégal et l’institution de Bretton Woods. À la tête d’une délégation gouvernementale, le ministre des Finances, Cheikh Diba, conduit depuis le 13 octobre des discussions à haut risque pour remettre le pays sur les rails financiers.

 

Une mission de la dernière chance

 

La délégation sénégalaise, surnommée par la presse locale la « Dream Team », tente de regagner la confiance du Fonds monétaire international après plusieurs mois de gel des décaissements. Les rencontres, organisées en marge des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Washington, devraient déterminer si Dakar peut bénéficier d’un nouveau programme d’appui budgétaire.

Car le pays, secoué par une crise économique et politique, cherche avant tout à restaurer sa crédibilité. Les comptes publics hérités du précédent gouvernement sont aujourd’hui au centre des débats.

 

Le lourd héritage des chiffres falsifiés

 

Selon un rapport conjoint du FMI et de la Cour des comptes, près de 7 milliards de dollars de dettes non déclarées auraient été dissimulées entre 2019 et 2024. Ces « omissions significatives » ont provoqué la suspension d’un programme d’aide de 1,8 milliard d’euros.

Résultat : un déficit budgétaire estimé à 14 % du PIB et une dette publique culminant à 119 %, des niveaux jugés insoutenables par les partenaires internationaux.

 

Les nouvelles autorités, conduites par le Premier ministre Ousmane Sonko, affirment vouloir tourner la page de cette opacité financière. Elles misent sur un plan de rigueur et de réforme structurelle pour remettre de l’ordre dans les finances publiques, sans toutefois tomber dans une austérité brutale.

 

Réformes et promesses de transparence

 

Le gouvernement s’est engagé à recentraliser la gestion de la dette, instaurer un compte unique du Trésor et réduire progressivement les subventions. En parallèle, un emprunt obligataire de 300 milliards de francs CFA a été lancé à destination de la diaspora, signe d’un effort pour diversifier les sources de financement.

Ousmane Sonko mise aussi sur les revenus attendus du pétrole et du gaz pour soutenir la relance et financer les réformes sociales.

 

Macky Sall contre-attaque

 

Mais la bataille politique reste vive. L’ancien président Macky Sall, mis en cause dans l’affaire dite de la « dette cachée », rejette toute responsabilité. Dans son livre L’Afrique au cœur, il dénonce un « non-sens », rappelant que la dette publique passe toujours par les circuits de contrôle de la BCEAO et du Parlement.

Cette confrontation à distance entre l’ancien et le nouveau pouvoir alimente un climat de méfiance, alors même que le pays doit rassurer ses partenaires extérieurs.

 

Un test de crédibilité internationale

 

Pour le Sénégal, la reprise du dialogue avec le FMI dépasse le cadre technique : elle symbolise la reconstruction d’une gouvernance financière mise à mal. Un audit indépendant de la gestion passée est annoncé, afin d’éclaircir les zones d’ombre.

Les conclusions de cette mission à Washington seront déterminantes pour la suite. Un accord permettrait non seulement de débloquer les financements suspendus, mais aussi de rétablir la confiance des investisseurs dans une économie sénégalaise à la croisée des chemins.

 

Source Afrik.com

Oura KANTÉ

Malikunafoni

 

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