Santé au Mali : le colonel Assa Badiallo Touré, catalyseur de réformes et d’actions sociales

Depuis sa nomination à la tête du ministère de la Santé et du Développement social, le 4 juillet 2023, le médecin-colonel Assa Badiallo Touré imprime sa marque. Réformatrice méthodique et femme de terrain, elle conjugue gouvernance, solidarité et vision stratégique pour redresser un secteur longtemps fragilisé.

"Nous devons aller vers l’essentiel, malgré la rareté des ressources, afin de garantir un meilleur accès aux soins pour toutes les couches de la population", a-t-elle déclaré en avril 2025, en remettant au président de la Transition le rapport des États généraux de la santé.

Une réforme systémique du secteur de la santé

Trois axes structurent son action : l'amélioration de l'accès aux soins, la surveillance sanitaire, et la refondation stratégique du système. Des centres de dialyse ont été construits, les médicaments subventionnés, et la Plateforme "Une Seule Santé" a été renforcée pour mieux prévenir et gérer les épidémies.

En décembre 2024, les États généraux de la santé ont permis une large concertation avec les acteurs du secteur. Résultat : 973 recommandations réparties sur 68 axes prioritaires ont été formulées pour la période 2025-2034, avec un accent mis sur la formation des soignants, la modernisation des infrastructures, et le développement de la santé communautaire.

Face aux crises : solidarité active et ciblée

Lors des inondations de 2024, la ministre s’est rendue dans les zones les plus touchées : Bla, Mopti, Bandiagara, Bamako, apportant vivres, tentes, kits d’hygiène et soutien financier. À Bla, 9731 personnes avaient été affectées ; à Mopti, près de 85 000 sinistrés recensés. La ministre a veillé à ce que les structures sanitaires reprennent rapidement leurs services malgré les dégâts.

À Bamako, elle a lancé une assistance humanitaire touchant 5165 ménages sinistrés, appuyée par 1,4 milliard FCFA du gouvernement américain. En mai 2025, à Bandiagara, plus de 5000 ménages ont reçu des aides, y compris les populations retournées et déplacées.

L'innovation au service de la santé

Le Centre d’excellence en orthèses et prothèses, inauguré en avril 2025 au sein du Cnaom à Bamako, est un jalon majeur. Fruit d’un partenariat avec le CICR, ce centre moderne formera les orthoprothésistes maliens et ceux de l’AES, consolidant les capacités nationales en réadaptation physique.

Lutte contre le paludisme et mortalité maternelle

Le 25 avril 2025, la ministre a lancé l’introduction du vaccin antipaludique dans 19 districts sanitaires. Le Mali devient ainsi le 20ᵉ pays au monde à intégrer ce vaccin. Malgré les efforts, le paludisme reste la première cause de mortalité (25 %) et de morbidité (39,4 %), surtout chez les enfants et femmes enceintes.

Par ailleurs, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé, une campagne nationale sur la santé maternelle et néonatale a été lancée, en réponse à des indicateurs préoccupants : 325 décès maternels pour 100 000 naissances, selon l’EDS 2018. La ministre a remis des équipements de réanimation pour soutenir les structures sanitaires locales.

Une femme d’action et de convictions

Née à Nioro du Sahel, diplômée en médecine en Russie, cardiologue de formation, officier interarmes formée à Koulikoro, le colonel Touré a gravi tous les échelons de la médecine militaire. Ancienne conseillère spéciale du président de la Transition, elle incarne aujourd’hui un leadership rigoureux, éthique et tourné vers le social.

Entre réformes structurelles et actions d’urgence, la ministre Assa Badiallo Touré conjugue efficacité et humanité. À l’image de sa déclaration : "Cette aide est un droit, pas une faveur", elle rappelle que la santé publique est d’abord une affaire de dignité et de justice sociale.

Oura KANTÉ

Malikunafoni