Sahel : Washington revient dans le jeu par le commerce des minerais
- malikunafoninet
- 27 août
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« Nos pays ne veulent plus de l’aide conditionnée. Nous voulons des partenariats commerciaux », martelait récemment un ministre sahélien. Ce discours, qui résonne désormais à Bamako, Ouagadougou et Niamey, trouve un écho inattendu… à Washington.
Après avoir suspendu une grande partie de sa coopération militaire et de son aide au développement à la suite des coups d’État de 2020 à 2023, l’administration Trump semble changer de stratégie. La nouvelle formule : offrir un appui logistique contre les groupes jihadistes en échange d’un accès privilégié aux ressources minières stratégiques, comme l’or, l’uranium ou le lithium.
Le commerce comme nouvelle diplomatie
Fini les projets d’assistance humanitaire : la Maison-Blanche met désormais en avant le slogan « du commerce, pas de l’aide ». Pour les juntes sahéliennes, qui revendiquent une souveraineté accrue sur leurs richesses naturelles, ce discours tombe à point nommé. L’Alliance des États du Sahel (AES), créée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, cherche en effet des partenaires capables de financer la valorisation de ses ressources tout en renforçant ses capacités sécuritaires.
« Washington propose une offre claire : neutraliser les chefs jihadistes en contrepartie de contrats miniers », résume un expert basé à Bamako. Une logique qui rappelle les négociations menées par Donald Trump sur d’autres terrains sensibles, de l’Europe de l’Est aux Grands Lacs africains.
Des visites diplomatiques très ciblées
Depuis début juillet, les allers-retours de responsables américains s’enchaînent dans les capitales sahéliennes. Rudolph Atallah, haut conseiller antiterroriste de la Maison-Blanche, s’est rendu au Mali pour présenter ce qu’il appelle « la solution américaine » à l’insécurité chronique. Quelques jours plus tard, William B. Stevens, sous-secrétaire d’État adjoint pour l’Afrique de l’Ouest, a évoqué à Bamako la possibilité d’investissements privés, après un passage par Ouagadougou et Niamey.
Fin juillet, une délégation militaire burkinabè était même à Washington pour discuter coopération sécuritaire, preuve que la porte est grande ouverte des deux côtés.
Minerais stratégiques au cœur du jeu
Le calcul est simple : le Mali dispose d’or et de lithium, le Niger d’uranium, le Burkina Faso d’or. Des ressources vitales pour l’économie mondiale, notamment le lithium, indispensable aux batteries des véhicules électriques.
« Les Américains veulent éviter de laisser la Russie et la Chine occuper seuls le terrain », explique un analyste. Moscou a déjà placé ses pions, via Africa Corps (ex-Wagner) et de nouveaux contrats miniers, tandis que Pékin continue d’investir massivement dans les infrastructures africaines.
Un pragmatisme assumé
Washington semble accepter de composer avec des régimes militaires contestés et même de cohabiter avec la Russie. « Trump n’a aucun problème à travailler avec Moscou si cela permet de contenir la menace jihadiste », estime une ancienne diplomate américaine. Un pragmatisme qui rompt avec les discours traditionnels sur la démocratie et les droits humains, mais qui colle à la logique de realpolitik actuelle.
Stabiliser avant d’investir
Pour les observateurs, la clé reste la sécurité. « Sans stabilisation, aucun investissement ne tiendra dans la durée », rappelle un think tank américain. Mais du côté sahélien, l’accueil est globalement favorable. Les autorités y voient une opportunité de diversifier leurs partenaires après la rupture avec Paris et de tirer parti de leurs richesses naturelles pour consolider leur pouvoir.
Malikunafoni










































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