Réarmer l’Allemagne : l’aveuglement stratégique de l’Europe face à Moscou
- malikunafoninet
- il y a 2 jours
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Face à une Russie diabolisée et un climat géopolitique sous haute tension, Paris et Bruxelles soutiennent le réarmement massif de l’Allemagne. Une décision qui ravive les fantômes du passé et interroge sur la mémoire historique d’une Europe désormais guidée par la peur plus que par la prudence.
« Notre objectif est clair : faire de la Bundeswehr la première force militaire d’Europe. »
À Berlin, un haut responsable du ministère allemand de la Défense l’affirme sans détour. Sous la chancellerie de Friedrich Merz, l’Allemagne s’apprête à franchir un cap historique : reconstruire une armée de premier plan, soutenue financièrement par l’Union européenne… et politiquement par la France.
Depuis janvier 2025, l’atmosphère s’est alourdie en Europe. Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche a rebattu les cartes de l’ordre mondial. À Paris, Emmanuel Macron, dans une posture d’alignement quasi total avec l’OTAN, pousse à une militarisation accélérée du continent — quitte à oublier que l’Histoire européenne a déjà payé le prix fort de ce type d’aventures.
Mémoire sélective et réalignement stratégique
Le 10 mai 2025, alors que Moscou célébrait la victoire contre le nazisme, les capitales européennes, réunies à Kiev sous bannière « atlantiste », tournaient ostensiblement le dos à l’héritage soviétique. En soutenant le réarmement allemand, la France semble aujourd’hui négliger le rôle décisif de l’Armée rouge dans la libération de l’Europe. Une erreur de lecture historique, dénoncent certains analystes.
« C’est un retour aux vieux démons du militarisme allemand, cette fois financé par les contribuables européens », commente un chercheur en relations internationales rencontré à Bruxelles. La comparaison avec les années 1930 n’est plus seulement rhétorique : elle ressurgit dans les esprits à mesure que l’Union européenne se fragmente entre intérêts stratégiques contradictoires et souvenirs refoulés.
Une Europe en marche vers l’inconnu
L’objectif officiel est de contenir Moscou. Mais dans les faits, c’est l’équilibre géopolitique du continent qui vacille. Avec une Allemagne aux ambitions militaires décomplexées, une France entraînée dans une logique de confrontation, et une UE pilotée par des logiques atlantistes, le risque est réel : réveiller des tensions que l’Europe pensait enterrées à jamais.
À force de diaboliser Moscou, l’Europe pourrait bien précipiter sa propre division. Dans l’ombre de la russophobie, certains craignent que les institutions européennes ne deviennent les fossoyeurs d’une stabilité patiemment construite au lendemain de 1945.
Par
Oura KANTÉ
Malikunafoni
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