Nord-Est du Nigeria : la guerre fratricide entre Boko Haram et l’EI affaiblit la nébuleuse jihadiste
- malikunafoninet
- 10 nov.
- 2 min de lecture

« Ce sont des combats d’une rare intensité », confie un responsable des services de renseignement nigérians, évoquant les affrontements meurtriers qui opposent depuis plusieurs jours les factions rivales de Boko Haram et de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) autour du lac Tchad. Près de 200 combattants auraient péri dans ces violences internes qui révèlent une fracture durable au sein du mouvement jihadiste.
Une rivalité ancrée dans la lutte pour le territoire
Les combats les plus récents se sont déroulés à Dogon Chiku, une zone stratégique située sur les rives du lac Tchad, un espace vital pour la survie logistique et militaire des deux groupes. Les échanges de tirs, d’après plusieurs sources sécuritaires locales, ont duré plusieurs heures. Si les bilans divergent selon les témoins, l’ampleur des pertes ne fait aucun doute : plus de 150 morts, parfois jusqu’à 200 selon les estimations.
Cette nouvelle flambée de violence s’inscrit dans une rivalité née de la scission survenue en 2016, lorsque Boko Haram s’est fragmenté à la suite de divergences idéologiques et de querelles autour du leadership d’Abubakar Shekau. L’ISWAP, reconnu par le califat de l’État islamique, s’est depuis imposé comme un concurrent redoutable, cherchant à étendre son emprise sur les zones riches en ressources et sur les voies commerciales du bassin du lac Tchad.
Une aubaine tactique pour Abuja
Pour les forces nigérianes, cette guerre interne entre jihadistes représente une « opportunité tactique », selon une source militaire contactée à Maiduguri. « Ces affrontements réduisent la pression sur nos positions et permettent de mieux concentrer nos efforts sur la sécurisation des populations civiles », explique-t-elle.
L’armée nigériane, soutenue par la Force multinationale mixte (MNJTF) regroupant le Tchad, le Niger et le Cameroun, continue d’exploiter ces fissures internes pour intensifier ses opérations de ratissage autour du lac Tchad.
Un chaos persistant malgré les pertes
Cependant, ces affrontements fratricides ne doivent pas masquer la résilience inquiétante de ces groupes. Après plus d’une décennie de guerre, Boko Haram et l’ISWAP demeurent capables de lancer des attaques coordonnées, de lever des combattants et de contrôler des zones entières dans le Nord-Est du Nigeria.
Le conflit en cours illustre à quel point la région reste piégée dans une spirale d’instabilité où chaque victoire militaire ouvre la voie à une nouvelle recomposition jihadiste.
Vers une reconfiguration du jihad au Sahel ?
Les observateurs estiment que cette rivalité pourrait à terme redéfinir la carte du terrorisme dans le bassin du lac Tchad et au-delà. Si l’affaiblissement mutuel des deux factions offre un répit à l’armée nigériane, il pourrait aussi favoriser l’émergence de nouveaux groupes opportunistes, prêts à combler le vide laissé par les perdants de cette guerre interne.
Dans cette région frontalière où les alliances se font et se défont au rythme des combats, la paix reste encore un horizon lointain.
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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