Niger–Nigeria : contrôle douanier renforcé et coup de filet contre un trafic armé

« Nous devons garantir que rien ni personne ne menace notre sécurité nationale », confie un responsable sécuritaire nigérien, alors que Niamey durcit ses procédures face aux marchandises en provenance du Nigeria.

Au lendemain d’une série d’alertes sur des infiltrations de cargaisons suspectes, la Direction générale des Douanes du Niger a ordonné un contrôle systématique et approfondi de tout fret franchissant la frontière depuis le Nigeria. Selon l’instruction signée par le Colonel Mohamed Yacouba Siddo, les produits classés comme “marchandises diverses” doivent désormais être déchargés et examinés dès le point d’entrée, avant toute formalité de transit. Seules les cargaisons disposant d’une documentation complète émanant du port d’origine pourront attendre leur destination finale pour être ouvertes.

Cette mesure, présentée comme temporaire mais urgente, répond à des impératifs de sécurité dans un contexte régional sous tension, où les flux transfrontaliers restent parfois exploités par des réseaux criminels.

Une embuscade réussie contre un réseau venu de Libye

Quelques jours plus tôt, un autre épisode est venu renforcer la détermination des autorités. Le 5 décembre, des éléments de la Garde nationale basés à Agadez ont intercepté un convoi soupçonné d’alimenter des groupes terroristes actifs dans la région. L’opération, déclenchée sur la base de renseignements ciblés, a tourné à la poursuite avant que les trafiquants venus de Libye ne soient neutralisés après des échanges de tirs.

Le matériel saisi témoigne de l’ampleur du trafic :

·         Un véhicule de type Tundra

·         Deux motos

·         Une mitrailleuse FM Belgique

·         Deux fusils AK-47

·         Plus de 9 400 munitions de différents calibres

·         Des chargeurs vides

·         Des cartons de cigarettes

·         Des téléphones portables

·         Et 63 boules de drogue

Un arsenal suffisant pour équiper une cellule armée, selon une source sécuritaire locale.

Un message politique et sécuritaire fort

Ces opérations simultanées illustrent la stratégie d’affirmation souveraine des pays de l’AES, qui prônent une gestion plus stricte de leurs frontières et une lutte accrue contre les réseaux transnationaux. Pour Niamey, cette politique vise autant à rassurer les populations qu’à réaffirmer sa capacité de contrôle face aux défis sécuritaires persistants.

Reste à voir si le durcissement des contrôles à la frontière nigériane, combiné à la pression exercée sur les trafiquants, permettra de réduire durablement les infiltrations dans une région où les routes commerciales et criminelles s’entremêlent depuis des décennies.

Oura KANTE

Malikunafoni