Migrants subsahariens : l’Algérie épinglée à l’ONU pour des expulsions massives vers le Niger

« L'Algérie ne se contente pas de violer les droits des migrants, elle est également directement responsable de la mise en danger délibérée de milliers de vies. » Cette déclaration sans détour, prononcée lors de la 59e session du Conseil des droits de l’Homme à Genève, illustre la vive indignation qui a animé les débats sur le sort des migrants expulsés du territoire algérien.

À Genève, le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies (CDH) a ouvert sa 59e session ordinaire au Palais des Nations. Lors d’un échange interactif avec le Rapporteur spécial sur les droits des migrants, Gehad Madi, l’Algérie a été publiquement pointée du doigt pour ses pratiques d’expulsion jugées inhumaines.

Sur place, plusieurs organisations, dont le Réseau de Formation, de Recherche et d’Action sur les Migrations Africaines, ont dénoncé les renvois collectifs de migrants subsahariens vers le Niger. Depuis 2024, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants seraient abandonnés en plein désert, sans ressources ni assistance. Le phénomène, décrit comme « systématique », constitue selon les intervenants une violation flagrante du droit international.

Le Niger, principal pays de transit, ne reste pas silencieux. En avril dernier, le ministre nigérien de l’Intérieur, le général Mohamed Toumba, a fustigé ces renvois massifs, y voyant un mépris des engagements internationaux. Plus de 30 000 migrants ont ainsi été expulsés par l’Algérie en 2024, selon les chiffres d’Alarme Phone Sahara.

Face à cette crise humanitaire, les ONG appellent à une coopération régionale renforcée et à la mise en place de mécanismes pour protéger les groupes les plus vulnérables, notamment les enfants et les femmes. Pendant ce temps, le président algérien Abdelmadjid Tebboune affirme être favorable à une régularisation, mais à condition d’un contrôle strict aux frontières. Une position jugée insuffisante face à l’urgence humanitaire.

Oura KANTÉ

Malikunafoni