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Massad Boulos en Algérie : une étape clé pour reconfigurer les relations avec Washington

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En choisissant Alger pour entamer sa tournée maghrébine, Massad Boulos, émissaire spécial de Donald Trump pour le continent africain, envoie un signal fort. Reçu par le président Abdelmadjid Tebboune, le diplomate américain marque ainsi la reconnaissance implicite d’un rôle régional que l’Algérie assume désormais pleinement, tant au Maghreb qu’au Sahel.

 

L’entrevue, tenue au palais d’El-Mouradia en présence du ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf et de l’ambassadrice américaine Elizabeth Moore Aubin, n’a pas été suivie de déclaration conjointe. Toutefois, plusieurs dossiers sensibles ont été évoqués en coulisses, reflétant la volonté des deux parties de rouvrir un dialogue jusque-là limité à des échanges techniques.

 

Un contexte de repositionnement diplomatique

 

Le choix d’Alger comme première étape n’est pas anodin. Il intervient à un moment où les États-Unis semblent vouloir diversifier leurs canaux d’influence dans la région, alors que l’Algérie cherche, de son côté, à élargir son portefeuille de partenariats stratégiques au-delà de ses partenaires traditionnels.

 

Vers une inflexion sur le Sahara occidental ?

 

Parmi les sujets sensibles, la question du Sahara occidental a été évoquée avec prudence. Si aucune annonce n’a été faite, des sources proches des négociations indiquent que Washington envisage d’ouvrir une phase de réévaluation de sa position. Depuis la reconnaissance par l’ancienne administration américaine de la souveraineté marocaine sur le territoire en 2020, Alger n’a cessé de plaider pour une approche plus équilibrée. La visite de Boulos pourrait ainsi marquer un début de réajustement diplomatique, sans que cela ne soit encore acté publiquement.

 

Commerce : allégements ciblés et accès croisé aux marchés

 

Sur le plan économique, les discussions ont porté sur les nouvelles barrières tarifaires imposées récemment par les États-Unis, notamment sur certains produits algériens hors hydrocarbures. Même si les ventes de pétrole et de gaz restent épargnées, Alger milite pour des exemptions sur des segments clés, comme les intrants agricoles ou les produits pharmaceutiques. En contrepartie, la partie américaine aurait exprimé son intérêt pour un meilleur ancrage de ses entreprises dans le tissu économique algérien, notamment à travers des appels d’offres et des partenariats industriels.

 

Technologie : la priorité d’Alger pour un transfert équitable

 

L’Algérie entend désormais faire du transfert de savoir-faire une condition essentielle à tout accord stratégique. Après avoir signé des protocoles d’accord avec des groupes asiatiques et européens dans les domaines de l’aéronautique légère et de l’électromobilité, le gouvernement souhaite que les États-Unis s’alignent sur cette logique. L’Export-Import Bank des États-Unis a été évoquée comme levier potentiel, à travers des facilités de financement destinées à soutenir l’acquisition de technologies américaines à condition qu’une part de production soit localisée sur le sol algérien.

 

Pas de percée immédiate, mais des lignes qui bougent

 

Aucune annonce spectaculaire n’a émaillé cette première rencontre, mais le ton semble avoir changé. Massad Boulos a lui-même salué « les nombreuses pistes de collaboration » ouvertes avec l’Algérie, suggérant une volonté américaine d’aller au-delà du statu quo. En misant sur le réalisme économique et l’équilibre politique, Alger semble bien décidée à négocier avec fermeté, en profitant de la place qu’elle s’est forgée sur l’échiquier régional.

 

Oura KANTÉ

Malikunafoni

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