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Maada Bio à Bissau : la CEDEAO face au défi du retour à la démocratie

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« La CEDEAO n’abandonnera pas la Guinée-Bissau en ce moment très difficile », a assuré le ministre bissau-guinéen des Affaires étrangères, João Bernardo Vieira, en marge des discussions engagées ce lundi dans la capitale. Cette phrase résume le climat d’urgence politique qui règne cinq jours après le renversement du président Umaro Sissoco Embaló.

 

Une visite sous tension pour réactiver le processus électoral

 

À peine arrivé à Bissau, Julius Maada Bio, président en exercice de la CEDEAO, a lancé un marathon diplomatique destiné à remettre en marche le processus constitutionnel brusquement interrompu par le coup d’État du 26 novembre. L’organisation régionale, qui avait déjà condamné sans ambiguïté la prise de pouvoir des militaires lors d’un sommet virtuel le 27 novembre, veut désormais obtenir des engagements concrets.

 

En première ligne, le chef de l’État sierra-léonais discute avec un pouvoir militaire en quête de légitimité mais confronté à une exigence non négociable : finaliser l’élection présidentielle du 23 novembre et publier les résultats dont la proclamation a été stoppée net par le putsch.

 

Les militaires cherchent à justifier leur prise de pouvoir

 

À Bissau, les autorités provisoires menées par le général Horta N’Tam défendent leur intervention comme un acte de « sauvegarde nationale » face à une crise politique annoncée. Depuis leur installation, elles ont rétabli l’autorité de l’État à travers des mesures strictes : interdiction des manifestations, reprise forcée des activités publiques et promesse de stabilité.

 

Mais derrière ces gestes d’ordre, la demande de reconnaissance internationale est palpable. Les militaires ont proposé à la délégation ouest-africaine une transition d’un an, une durée qui sera examinée lors du prochain sommet de la CEDEAO prévu le 14 décembre 2025.

 

Le nœud de la crise : une présidentielle interrompue

 

L’inquiétude la plus vive concerne la présidentielle du 23 novembre. L’opposition assure que son candidat, Fernando Dias, est arrivé en tête et réclame la protection de ses responsables ainsi qu’un accompagnement de la CEDEAO pour garantir la transparence du scrutin.

 

La mission ouest-africaine doit rencontrer la Commission nationale électorale afin d’obtenir les données complètes du vote et clarifier les circonstances dans lesquelles le processus a été interrompu. Une exigence s’ajoute : la libération des personnalités politiques arrêtées au lendemain du putsch, un point que l’organisation régionale et l’ONU considèrent comme essentiel au retour de la légalité.

 

Une équation politique encore incertaine

 

Entre la demande de transition formulée par les militaires et l’insistance de la CEDEAO pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel, la marge de compromis reste étroite. La décision finale reviendra au sommet des chefs d’État de la région, attendu comme un moment décisif pour l’avenir politique de la Guinée-Bissau.

 

En attendant, Bissau demeure suspendue aux négociations en cours, tandis que la communauté internationale observe avec inquiétude l’évolution d’une crise dont l’issue conditionnera, une fois encore, la stabilité de l’Afrique de l’Ouest.

 

Oura KANTE

Malikunafoni

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