Liberia : le président Boakai présente les excuses de l’État pour les crimes des guerres civiles
- malikunafoninet
- 7 juil.
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Un pas symbolique vers la vérité et la réconciliation dans un pays toujours marqué par les séquelles de son passé sanglant.
Le samedi 5 juillet 2025 restera une journée marquante dans la mémoire collective du Liberia. Lors d’une cérémonie publique organisée à Monrovia, le président Joseph Boakai a prononcé un discours historique dans lequel il a formulé, au nom de l’État libérien, des excuses officielles aux victimes des violences commises durant les deux guerres civiles qui ont ravagé le pays entre 1989 et 2003.
Face à une assistance émue, composée de survivants, de familles de victimes et de représentants de la société civile, le chef de l’État a reconnu les manquements de l’appareil étatique. Il a exprimé sa compassion envers les nombreuses vies brisées par les conflits : « À toutes celles et ceux qui ont souffert, à chaque famille frappée par le deuil, je dis : l’État a failli à son devoir, et pour cela, nous vous demandons pardon. »
Ce geste, bien que tardif, intervient dans un contexte où les appels à la justice se font de plus en plus pressants. Environ un quart de million de personnes ont perdu la vie durant ces années de guerre, marquées par des exactions d’une rare brutalité : violences sexuelles massives, enrôlement forcé d’enfants, massacres de civils, mutilations... Et pourtant, à ce jour, aucun tribunal libérien n’a jugé les principaux responsables.
Certains acteurs impliqués dans les atrocités documentées continuent même d’occuper des postes politiques ou économiques de premier plan, alimentant un climat d’impunité et de frustration au sein de la population.
Un projet de justice transitionnelle semble néanmoins émerger. En 2024, le Sénat libérien a validé une loi permettant la création d’un tribunal spécialisé pour juger les crimes de guerre. Cette initiative, soutenue notamment par l’ex-chef de guerre Prince Johnson avant son décès, marque un tournant dans l’attitude des élites politiques vis-à-vis du devoir de mémoire et de justice.
Le président Boakai, longtemps perçu comme prudent sur ce dossier, semble désormais prêt à faire évoluer les lignes. Il a réaffirmé sa volonté de mettre en œuvre les recommandations restées lettre morte de la Commission vérité et réconciliation, créée en 2005.
Pour de nombreux Libériens, ces excuses ne suffisent pas. Elles doivent s’accompagner de mesures concrètes : poursuites judiciaires, réparations, reconnaissance officielle des crimes subis. Dans les rues de Monrovia comme dans les campagnes, une attente profonde subsiste : celle d’une justice qui, enfin, puisse guérir les plaies ouvertes depuis trop longtemps.
Reste à voir si les paroles du président seront suivies d’actes à la hauteur de l’histoire.
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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