France : vers une tutelle budgétaire ? L’hypothèse d’un contrôle international ressurgit

 Alors que le déficit public dépasse 5,8 % du PIB, bien au-delà des normes européennes, l’idée d’une intervention du FMI ou de la BCE n’est plus taboue. Plusieurs analystes évoquent une possible mise sous surveillance budgétaire de la France, à l’image des pays en crise au début des années 2010.

« L’impasse budgétaire devient si chronique qu’un mécanisme de supervision externe n’est plus à écarter », confie à chaud Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement, rencontré lors d’une conférence à Paris sur les enjeux macroéconomiques en Europe.

Sur le terrain, les inquiétudes sont palpables. Les derniers chiffres publiés confirment un déficit public atteignant 5,8 % du PIB, loin de la cible des 3 % promise pour 2029. Les alertes s’accumulent : la Cour des comptes dénonce une trajectoire "insoutenable", le FMI parle de "mesures de redressement radicales", et les marchés scrutent la situation de plus en plus nerveusement.

Le spectre d’une surveillance internationale, autrefois réservé aux États fragiles comme la Grèce ou le Portugal, plane désormais sur Paris. Si le FMI reste en retrait, la Banque centrale européenne pourrait être le premier acteur à intervenir, via des rachats d’obligations. Mais cette aide serait conditionnée à un sévère plan d’austérité.

La France devra alors, selon les analystes, s’attaquer de front à ses dépenses publiques – 57 % du PIB, un record européen – et enclencher des réformes structurelles. Parmi les pistes évoquées, la réforme des retraites reste la plus explosive. Relever l’âge légal de départ, malgré la récente contestation sociale, pourrait redevenir un levier incontournable.

Sur fond d’inflation et de dette élevée, la France semble aujourd’hui à la croisée des chemins : soit elle agit rapidement, soit elle subit une mise sous tutelle financière inédite dans son histoire contemporaine.

Par

Oura KANTÉ

Malikunafoni