top of page

Congo : le projet gazier Marine XII inaugure une nouvelle ère énergétique sans torchage

ree

Premier en Afrique à viser l’élimination complète du torchage routinier, le projet Marine XII symbolise l’ambition environnementale du Congo et redéfinit les standards de l’industrie gazière sur le continent.

 

À 20 kilomètres au large de Pointe-Noire, le Congo franchit une étape stratégique dans son développement énergétique avec le déploiement du projet Marine XII, porté par la compagnie italienne ENI. Ce programme, qui vise à liquéfier et exporter le gaz naturel offshore tout en éliminant le torchage systématique, s’inscrit dans une approche technologique et écologique inédite en Afrique.

 

Depuis l’expédition de sa première cargaison de gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Europe en février 2024, le pays a rejoint le cercle restreint des exportateurs de GNL. Ce succès repose sur une capacité progressive de 3 millions de tonnes par an à l’horizon 2025, appuyée par deux navires industriels flottants : le Tango FLNG, déjà en production, et le Nguya FLNG, dont le démarrage est attendu d’ici la fin de l’année.

 

Une architecture « zéro torchage » au cœur du dispositif

 

Ce qui distingue Marine XII des projets similaires, c’est son architecture innovante orientée vers la capture intégrale du gaz associé. En intégrant des systèmes de compression à faibles fuites de méthane et un suivi numérique en continu, le projet ambitionne une production sans brûlage en torche, pratique courante mais hautement polluante dans l’industrie pétrolière.

 

Le Tango FLNG utilise une technique d’amarrage inédite – le « split mooring » – lui permettant de fonctionner de manière autonome tout en étant relié à une unité flottante de stockage. Le gaz provient des champs de Litchendjili et Nenè, en exploitation depuis près d’une décennie, acheminé par des conduites sous-marines de courte distance.

 

Impact énergétique et environnemental local

 

Le gaz extrait ne sert pas uniquement à l’exportation. Il alimente également deux centrales thermiques majeures : la Centrale Électrique du Congo (300 MW) et celle du Djéno (50 MW), contribuant à fournir l’essentiel de l’électricité de la région sud du pays. Cette substitution au diesel permet une réduction significative des émissions de carbone et un renforcement de l’accès à l’énergie, notamment dans les zones urbaines.

 

L’initiative est soutenue au plus haut niveau de l’État, avec l’implication directe de la Conseillère spéciale à l’énergie, Françoise Joly, et du ministre des Hydrocarbures Bruno Jean-Richard Itoua. Ensemble, ils défendent un modèle énergétique plus propre, appuyé par une coopération avec la Banque mondiale à travers le fonds GFMR pour la réduction des émissions de méthane.

 

Forêts et biodiversité au cœur de la stratégie carbone

 

Au-delà du gaz, ENI développe des mécanismes de compensation carbone fondés sur la conservation. L’entreprise participe à des programmes forestiers en Afrique, dont une initiative majeure : le projet HIFOR (High Integrity Forest), lancé en 2024 dans le parc national de Nouabalé-Ndoki. Ce dispositif génère des unités de préservation indépendantes des marchés de crédits classiques, en valorisant la protection de forêts primaires comme un actif écologique.

 

Les revenus issus de ce programme sont répartis équitablement entre l’État congolais, les communautés riveraines et les gestionnaires de zones protégées. ENI collabore également avec des ONG pour surveiller les écosystèmes côtiers, notamment les mangroves et les espèces marines migratrices.

 

Un modèle sous surveillance internationale

 

Si Marine XII est aujourd’hui salué pour ses avancées technologiques et écologiques, sa crédibilité à long terme dépendra de sa capacité à tenir ses engagements. La transparence sur les émissions, la gestion des risques industriels, l’équité sociale et la réinjection des bénéfices dans une transition énergétique plus large seront autant de critères déterminants.

 

Pour le gouvernement congolais, ce projet représente une vitrine stratégique et un levier de résilience face aux défis climatiques. Il s’agit désormais de faire du modèle Marine XII une référence reproductible, à l’heure où l’Afrique cherche à concilier développement énergétique et impératif environnemental.

 

Oura KANTÉ

Malikunafoni

Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note*
bottom of page