Burundi : six personnes lynchées à mort pour sorcellerie, les Imbonerakure pointés du doigt

« C’était une scène de barbarie sans nom », confie un responsable local de Gasarara, près de Bujumbura, où six personnes accusées de sorcellerie ont été tuées lundi 1er juillet.

Les faits se sont déroulés en fin d’après-midi dans cette localité située à une dizaine de kilomètres de la capitale économique du Burundi. Selon des témoignages concordants, un groupe de jeunes affiliés aux Imbonerakure — la mouvance jeunesse du parti au pouvoir — aurait fait irruption dans plusieurs foyers pour s’en prendre violemment à des villageois accusés, sans preuve, d’ensorcellements responsables de décès mystérieux.

Bilan : six morts, dont deux brûlés vifs, les autres battus à mort ou lapidés. Trois personnes ont pu être sauvées de justesse par les forces de l’ordre. Le gouverneur de la province de Bujumbura, Désiré Nsengiyunva, a confirmé les faits mardi, condamnant « une justice populaire inadmissible » et précisant que les accusations étaient infondées.

Douze personnes ont été interpellées, mais leur identité n’a pas été rendue publique. Des vidéos de l’attaque, non authentifiées officiellement, circulent sur les réseaux sociaux et ont été reconnues par des témoins comme montrant des membres des Imbonerakure.

Ce drame relance les inquiétudes sur l’impunité dont jouissent certaines milices au Burundi. Des ONG comme Human Rights Watch rappellent que les Imbonerakure ont déjà été impliqués dans de nombreux actes de violence depuis plusieurs années. Les défenseurs des droits humains exigent une enquête indépendante et la fin des représailles liées aux accusations de sorcellerie, fréquentes dans ce pays où les croyances traditionnelles restent fortement ancrées.

Oura KANTÉ

Malikunafoni