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Burkina Faso : la Transition dissout la CENI et confie le processus électoral à l’État

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« Il fallait rationaliser nos institutions et rompre avec certaines influences extérieures. »

Devant les députés de la transition, le ministre de l’Administration territoriale, Émile Zerbo, a justifié sans détour la disparition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

 

À Ouagadougou, l’Assemblée législative de transition a approuvé, lundi 28 octobre, la dissolution pure et simple de la CENI, organe chargé depuis plus de vingt ans d’organiser les élections au Burkina Faso. La décision, adoptée à l’unanimité, marque un tournant dans la refonte institutionnelle voulue par le capitaine Ibrahim Traoré.

 

Une fin annoncée pour un organe jugé « budgétivore »

 

Créée en 1998, la CENI rassemblait quinze commissaires issus des partis politiques et de la société civile. Elle incarnait l’un des piliers du pluralisme burkinabè depuis le retour au multipartisme en 1991. Mais pour la junte, cette structure avait fini par devenir « budgétivore » et inefficace.

 

Le ministre Zerbo, à l’origine du texte adopté par les parlementaires de transition, affirme que la mesure s’inscrit dans une logique de « rationalisation » et de maîtrise des dépenses publiques. Le gouvernement de transition, qui ne se réclame pas d’un modèle démocratique classique, reprochait également à la CENI d’être exposée à des « influences étrangères », sans plus de précisions.

 

Un transfert de compétences au ministère

 

L’organisation des futurs scrutins revient désormais au ministère de l’Administration territoriale. Cette centralisation du processus électoral, directement sous la tutelle du pouvoir militaire, renforce le contrôle de la junte sur les institutions du pays.

 

Une évolution qui suscite des interrogations : en confiant à un ministère exécutif la supervision des élections, le Burkina Faso s’éloigne de l’indépendance électorale conquise au fil des années, estiment plusieurs observateurs.

 

Transition prolongée, horizon électoral repoussé

 

Cette réforme institutionnelle intervient dans un contexte où la transition, initialement prévue pour s’achever en juillet 2024, a été prolongée de cinq années supplémentaires. La charte révisée permet au capitaine Traoré de se présenter aux prochaines élections, désormais reportées à l’issue de la nouvelle période transitoire.

 

Le pouvoir justifie cette prolongation par la nécessité de poursuivre la lutte contre les groupes armés qui continuent de frapper le pays. Mais pour une partie de l’opinion, la dissolution de la CENI et l’allongement de la transition traduisent surtout la volonté du régime militaire de consolider son emprise sur l’appareil d’État.

 

Un avenir institutionnel sous contrôle

 

Alors que les violences djihadistes se poursuivent et que la transition s’étire, le Burkina Faso entre dans une nouvelle phase politique. En supprimant un organe perçu comme garant de la transparence électorale, la junte militaire entend redéfinir les règles du jeu — au risque d’en brouiller les repères démocratiques.

 

Source Afrik.com

Oura KANTÉ

Malikunafoni

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