Burkina Faso : l’or, moteur économique et talon d’Achille
- malikunafoninet
- 18 sept.
- 2 min de lecture

« En 2008, le Burkina ne produisait même pas 6 tonnes d’or. Aujourd’hui, on en extrait plus de 60 », rappelle un cadre du ministère des Mines. En l’espace de seize ans, le pays est devenu un acteur incontournable du secteur aurifère en Afrique de l’Ouest. Avec 60,8 tonnes produites en 2024, l’or représente désormais plus de 84 % des exportations nationales, confirmant son statut de pilier économique… mais aussi de source de dépendance.
Une croissance fulgurante
L’essor burkinabè repose sur l’ouverture de nouvelles mines industrielles : le pays compte actuellement 22 permis d’exploitation, dont 13 en activité. Cette dynamique a permis de générer en 2024 environ 567 milliards de FCFA de recettes directes pour l’État, selon les données officielles. Des chiffres qui illustrent le poids de l’or dans les finances publiques, mais qui posent une question cruciale : comment redistribuer équitablement cette manne ?
Une dépendance inquiétante
En 2024, près de 90 % des exportations minières du Burkina Faso ont été absorbées par deux partenaires : les Émirats arabes unis et la Suisse. Cette concentration rend le pays particulièrement vulnérable aux fluctuations des cours mondiaux. « Une telle dépendance est rare, même parmi les pays riches en ressources naturelles », souligne un économiste basé à Ouagadougou.
Conscient du risque, le gouvernement a entrepris de constituer une réserve nationale via la Société nationale des substances précieuses (SONASP), qui a acquis plus de 13 tonnes d’or en 2024. Une stratégie visant à renforcer la souveraineté financière, mais dont les modalités et l’efficacité restent à préciser.
La compétition régionale
Le Burkina Faso n’est pas seul sur ce terrain. Le Ghana, premier producteur africain, a dépassé les 130 tonnes en 2023 et mise désormais sur le raffinage local pour capter davantage de valeur ajoutée. Le Mali, malgré son instabilité politique, a extrait environ 72 tonnes la même année et entend renégocier ses conventions minières afin d’augmenter la part des revenus revenant à l’État.
Et après ?
Au-delà de la croissance actuelle, une question taraude les experts : que deviennent les sites miniers une fois épuisés ? C’est justement le thème de la prochaine Semaine des Activités Minières d’Afrique de l’Ouest (SAMAO), prévue du 25 au 27 septembre 2025 à Ouagadougou. Placée sous le slogan « Les défis de la réhabilitation et de la fermeture des mines en Afrique », l’édition veut initier un débat régional sur l’avenir des communautés locales après l’exploitation.
Car si l’or a permis au Burkina Faso de franchir un cap historique, il pourrait aussi se transformer en piège de dépendance. L’enjeu, désormais, est de transformer cette richesse éphémère en développement durable, avant que le filon ne s’épuise.
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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