Au Nigeria, un projet de fer et d’aciérie à 1,4 milliard de dollars dans l’impasse
- malikunafoninet
- 22 avr.
- 3 min de lecture

A 200 km de la capitale Abuja, Agbaja s’est positionné au début des années 2020 comme l’un des projets susceptibles de transformer le visage du secteur minier du Nigeria, qui représente à peine 1 % du PIB. Alors que nous entrons bientôt dans la seconde moitié de cette décennie, son propriétaire australien Macro Metals cherche désormais à se débarrasser d’un actif dont la valeur actuelle nette était estimée à 1,4 milliard de dollars en 2022. Décryptage.
En juillet 2022, la compagnie minière Macro Metals (alors connue sous le nom de Kogi Iron, du nom de l’État nigérian de Kogi qui abrite son projet phare) publie une étude de faisabilité actualisée pour Agbaja. Cette dernière estime qu’il faut investir 557 millions de dollars dans une mine de fer et une aciérie intégrée, afin de produire en moyenne 500 000 tonnes de billettes d’acier par an sur une durée de vie de 25 ans. Le projet affiche alors une valeur actuelle nette de 1,4 milliard de dollars, ainsi qu’un taux de rentabilité interne de 33 %. L’investissement nécessaire est récupérable au bout de quatre ans seulement, le tout après impôts.
A ce moment-là, Kogi Iron est convaincue son projet « permettra à l'économie la plus importante et la plus dynamique d'Afrique de réduire sa dépendance à l'égard des produits sidérurgiques importés ». La compagnie y concentre son attention et multiplie les levées de fonds pour amener le projet à la phase de construction. Près de trois ans après cette étude pourtant, aucune avancée concrète n’a été enregistrée dans le développement d’Agbaja. Dans une mise à jour publiée le 31 janvier dernier, la compagnie confirme qu’une équipe de conseillers est engagée pour trouver un repreneur ayant les compétences et ressources nécessaires pour développer l’actif.
« La poursuite de l'engagement de ressources dans son projet sidérurgique intégré d'Agbaja, situé dans l'État de Kogi, en République du Nigeria, ne correspond pas à l'objectif stratégique de la société, qui est de devenir un producteur de minerai de fer basé dans la région de Pilbara [cœur stratégique du minerai de fer en Australie avec plus de 90 % de la production nationale, Ndlr]», réaffirme alors la société.
Une reprise qui tarde à se concrétiser
La compagnie n’a pas explicité les raisons à l’origine de ce changement de stratégie, alors que ses projets australiens n’en sont pas encore au même stade de développement qu’Agbaja et n’ont pas non plus démontré le même potentiel jusqu’ici. Le projet nigérian héberge en effet des ressources minérales de 586 millions de tonnes à une teneur en fer de 41,3 %, ainsi que des réserves probables de 205 millions de tonnes à une teneur de 45,7 % de fer. Quoi qu’il en soit, il faudra encore attendre longtemps pour voir se concrétiser les espoirs placés dans ce projet.
Plus d’un an après avoir entamé le processus de cession de son projet, Macro Metals n’a encore annoncé aucun repreneur pour Agbaja. Si de nouveaux investisseurs en font l’acquisition, la reprise du développement de l’actif pourrait encore prendre quelques années, entre de nouvelles études de viabilité économique et la mobilisation du financement nécessaire. De plus, le marché du minerai de fer affiche des perspectives peu optimistes, avec une abondance de l’offre attendue à moyen terme grâce à des gisements comme Simandou en Guinée. Les prix devraient suivre une tendance à la baisse et atteindre 78 dollars la tonne d’ici 2033, contre 100 dollars la tonne actuellement, selon la firme de recherche BMI.
Par Emiliano Tossou (Agence Ecofin)










































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