Algérie–Tunisie : l’axe de la Kasbah prend de l’ampleur
- malikunafoninet
- il y a 2 jours
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« Vingt-cinq textes signés en deux jours ». Le chiffre résume l’intensité de la 23ᵉ session de la Grande Commission mixte algéro-tunisienne, tenue à Tunis les 11 et 12 décembre 2025. Coprésidées par la cheffe du gouvernement tunisien, Sarra Zaafrani Zenzri, et le Premier ministre algérien, Sifi Ghrieb, les assises ont confirmé un rapprochement qui dépasse désormais le cadre protocolaire pour s’inscrire dans une logique de partenariat stratégique.
Un cap économique assumé
En marge des travaux, le Forum économique tuniso-algérien a donné le ton. Industriels, énergéticiens et acteurs du tourisme y ont esquissé une feuille de route commune. Les échanges commerciaux, évalués à 2,3 milliards de dollars en 2024 (+12 % sur un an), témoignent d’une dynamique réelle mais encore perfectible. « Nous sommes en-deçà de notre potentiel », a reconnu Sifi Ghrieb, tout en se disant confiant quant à une montée en puissance rapide.
Le secteur privé a, lui aussi, accéléré. Sept accords ont été paraphés entre entreprises des deux pays, notamment dans les câbles automobiles, la géolocalisation, l’électroménager et la fonderie industrielle. Des groupes comme Coficab, IdeNet, One Tech, Condor, Fondinor ou Techno Cast entendent capitaliser sur la complémentarité des marchés et des savoir-faire.
Des accords tous azimuts
Signés à la Kasbah, les 25 textes couvrent un spectre large : lutte contre le blanchiment d’argent, transport routier international, formation diplomatique, accréditation, eau, pêche, droits d’auteur, énergie et énergies renouvelables. Les médias publics ne sont pas en reste, avec des mémorandums entre télévisions nationales, agences de presse (TAP et APS) et un accord de jumelage entre radios.
La santé figure parmi les priorités affichées. Les deux gouvernements ont confirmé un programme de coopération sanitaire pour 2026-2028, ainsi qu’un mémorandum liant les ministères de la Santé et de l’Industrie pharmaceutique, signe d’une volonté de renforcer les capacités locales et la souveraineté sanitaire.
Intégration régionale en ligne de mire
Au-delà des accords, Tunis plaide pour des projets structurants : interconnexions électriques, investissements conjoints dans le solaire et l’éolien, et développement de zones industrielles frontalières. Le tourisme illustre déjà les effets de cette proximité : plus de trois millions d’Algériens ont visité la Tunisie à fin octobre 2025, soit une hausse de 8 % sur un an. Le président de l’UTICA, Samir Majoul, est allé plus loin en appelant à un accord global de libre-échange, fondé sur la levée des barrières douanières et la fluidification des transactions.
Une entente politique consolidée
Cette accélération repose sur une relation politique étroite. Le Premier ministre algérien a salué un partenariat « exceptionnel et qualitatif », impulsé par les présidents Abdelmadjid Tebboune et Kaïs Saïed. Les deux chefs d’État avaient déjà affiché leur convergence lors de la Foire du commerce intra-africain (IATF 2025), plaidant pour un ordre économique mondial plus équitable pour l’Afrique. Quelques mois plus tôt, Kaïs Saïed avait choisi Alger pour sa première visite officielle après sa réélection, un signal fort.
Sur le plan régional, Alger et Tunis partagent des positions communes : soutien à la cause palestinienne, recherche d’une solution politique en Libye, coordination sécuritaire accrue. Les progrès sont notables en matière de contrôle des frontières et de lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine.
Perspective. En ouvrant ce nouveau chapitre, la Commission mixte a posé les bases d’un partenariat intégré, appelé à peser au-delà du bilatéral. Le prochain test sera celui de la mise en œuvre : transformer les engagements signés en projets concrets, capables de faire de l’axe algéro-tunisien un moteur crédible de l’intégration maghrébine.
Oura KANTE
Malikunafoni










































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