États-Unis contre France : la bataille du barrage Ruzizi III
- malikunafoninet
- 11 nov.
- 2 min de lecture

760 millions de dollars, un tournant stratégique pour l’Afrique des Grands Lacs
« Ce projet n’est pas qu’un barrage, c’est un levier pour l’avenir énergétique de la région », a déclaré un haut responsable congolais lors du Sommet États-Unis–Afrique tenu à Luanda.
Derrière cette phrase se cache un changement de cap historique : Washington a supplanté Paris dans la direction du projet hydroélectrique Ruzizi III, partagé entre le Burundi, la RDC et le Rwanda.
Un projet vital pour trois nations
Situé sur la rivière Ruzizi, entre le lac Kivu et le lac Tanganyika, le futur barrage doit produire 206 MW, de quoi alimenter plus de 30 millions de personnes. Dans une région où moins d’un quart des habitants ont accès à l’électricité, les retombées pourraient être décisives :
· le Burundi verrait sa production nationale d’énergie doubler,
· le Rwanda gagnerait près de 30 % de capacité supplémentaire,
· et l’est de la RDC profiterait enfin d’un réseau stable, longtemps freiné par l’insécurité.
Le retrait discret de la France
Jusqu’à récemment, le projet était piloté par l’Agence Française de Développement (AFD), fer de lance de la diplomatie économique française en Afrique. Mais les lenteurs administratives et les désaccords sur le montage financier ont poussé Paris à se retirer, laissant un vide rapidement comblé par les États-Unis.
Le modèle américain : audace et influence
La société Anzana Electric Group (anciennement Virunga Power) a repris la direction du projet, adoptant un modèle PPP BOOT (Build–Own–Operate–Transfer) estimé à 760 millions de dollars.
Avec 10 % du capital de Ruzizi III Holding Power Co. Ltd, Anzana devient la cheville ouvrière d’une approche où le secteur privé prend la main sur les infrastructures publiques.
La présence de Massad Boulos, proche conseiller de l’administration Trump, témoigne du soutien stratégique de Washington, qui voit dans Ruzizi III un outil de stabilisation et d’influence dans la région des Grands Lacs.
Un chantier sous tension
Les travaux sont annoncés pour décembre 2025, dans un contexte sécuritaire encore fragile, notamment à cause de la présence du M23 dans l’est de la RDC. Si les délais sont tenus, la centrale pourrait être inaugurée à l’horizon 2030, générant des milliers d’emplois directs et indirects et contribuant à la relance industrielle régionale.
Un symbole du nouveau rapport de force en Afrique
Au-delà de la question énergétique, Ruzizi III illustre la recomposition silencieuse des influences occidentales en Afrique.
Le retrait français, compensé par l’offensive américaine, reflète une tendance plus large : la montée en puissance des États-Unis sur le terrain du développement stratégique face à une France en perte de vitesse.
Dans les mois à venir, d’autres projets énergétiques africains pourraient devenir les nouveaux champs de bataille d’une diplomatie économique globale où chaque mégawatt vaut son poids d’influence.
Business Africa Madia
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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