Washington menace Abuja : Trump brandit la carte militaire pour « défendre les chrétiens »
- malikunafoninet
- 3 nov.
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La déclaration est tombée comme un coup de tonnerre. Samedi, le président américain Donald Trump a ordonné au Pentagone de se préparer à une intervention « rapide et brutale » au Nigeria, accusant le gouvernement de Bola Tinubu de fermer les yeux sur les massacres de chrétiens perpétrés par des « terroristes islamistes ». Un discours explosif qui ravive les tensions religieuses et interroge sur les véritables intentions de Washington.
Une croisade politique sous fond de chiffres alarmants
Selon des données brandies par les républicains au Congrès, notamment par le sénateur Ted Cruz dans son projet de loi sur la liberté religieuse au Nigeria, plus de 7 000 chrétiens auraient été tués depuis janvier 2025. Des chiffres qui nourrissent la rhétorique de Trump, lequel présente le Nigeria comme un « cimetière de la foi chrétienne » et accuse Abuja d’inaction.
Mais derrière ces statistiques choc se cache une réalité bien plus nuancée. Les violences dans le pays, qui compte plus de 220 millions d’habitants, frappent aussi des communautés musulmanes. Les attaques de groupes armés comme Boko Haram ou les bandits peuls armés visent indistinctement villages chrétiens et musulmans, dans un contexte de pauvreté, de rivalités foncières et de crise climatique.
Abuja dénonce une « manipulation politique »
La riposte du Nigeria n’a pas tardé. Par la voix du ministère des Affaires étrangères, le gouvernement a dénoncé une « instrumentalisation politique » des souffrances de ses citoyens. Sur le réseau X, le président Bola Tinubu a rappelé que son pays « lutte contre le terrorisme sans distinction de religion », tout en accusant les États-Unis de simplifier à outrance une situation « complexe et multiforme ».
Daniel Bwala, conseiller présidentiel, a même évoqué une « propagande occidentale », estimant que cette menace américaine est liée aux positions d’Abuja à l’ONU sur le conflit israélo-palestinien, où le Nigeria a soutenu la solution à deux États.
Les Églises nigérianes entre reconnaissance et prudence
Face aux propos de Trump, la Christian Association of Nigeria (CAN) a reconnu la réalité des souffrances vécues par les chrétiens dans certaines régions du Nord. Son président, l’archevêque Daniel Okoh, a toutefois appelé à l’unité nationale :
« La guérison du Nigeria ne viendra ni du déni ni du blâme, mais du courage de reconstruire la confiance entre nos communautés. »
Ce ton apaisant tranche avec celui des partisans de Trump, qui exigent une action militaire « immédiate » contre les groupes djihadistes présents dans le centre et le nord du Nigeria.
Une menace aux résonances idéologiques
Cette défense des chrétiens africains s’inscrit dans une logique déjà visible sous la précédente présidence Trump, lorsqu’il avait dénoncé un prétendu « génocide » des fermiers blancs en Afrique du Sud. Elle révèle une vision sélective et idéologique des crises africaines, centrée sur la protection des minorités chrétiennes perçues comme alliées naturelles des États-Unis.
Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a confirmé sur X que le Pentagone « se tient prêt à agir » si Washington en donne l’ordre. Mais derrière les mots, peu d’éléments concrets laissent penser qu’une intervention militaire est imminente.
Entre diplomatie et risque d’escalade
Les chancelleries africaines suivent de près cette montée de tension. Pour beaucoup, l’offensive verbale de Trump pourrait n’être qu’un coup de pression diplomatique, visant à pousser Abuja à renforcer la sécurité dans la Middle Belt, région charnière où se mêlent les fractures ethniques, religieuses et économiques.
Mais dans un contexte déjà explosif, l’irruption de la rhétorique américaine dans les affaires nigérianes pourrait attiser les divisions et donner un écho international à une crise avant tout locale.
Source Afrik.com
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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