Une société qui définit son présent par le futur à construire ensemble

Un des enjeux majeurs auxquels nous devrons apporter une réponse (et c’est possible tout de suite), c’est de travailler à l’émergence d’une société qui définit essentiellement son présent par le futur à construire ensemble.

Tant que nous continuons à définir notre présent par le passé seulement, notre logiciel y restera fixé avec ses lots d’anachronismes, de différends en héritage impossibles à gérer aujourd’hui, de réécritures du passé au profit du prince du jour...

Avec la crise que nous vivons depuis 2012 et le manque de perspectives claires dans lesquelles nous nous enfonçons régulièrement, nous sommes naturellement, et de plus en plus, attirés par le refuge dans le passé. Ça s’observe au nord par la volonté d’y installer une gouvernance ethnico-monarchiste, au centre par l’émergence de villages de plus en plus mono-ethniques, à l’ouest par la promotion de pratiques esclavagistes… Au point que l’ethnie est en phase de redevenir un enjeu majeur dans notre pays.

L’actualité de cette brave dame assassinée parce qu’elle a refusé d’être traitée en esclave n’est que la partie émergée d’un traumatisme général de notre société (que de la paix pour son âme). Réconcilier et refonder le Mali doit commencer par le traitement de ce traumatisme national avec comme objectif urgent de réinventer un nouveau récit Mali, un nouvel univers symbolique moderne commun inscrit dans la construction d’un futur commun en phase avec les enjeux du monde climato-géopolitique en émergence.

À mon avis, toute autre orientation continuera de nous divertir de cet essentiel. Parce que c’est ça l’essentiel et urgemment essentiel ! Réinventer une société moderne ancrée dans la construction de notre futur avec au cœur un nouveau hórón (citoyen). C’est possible tout de suite avec notre pyramide démographique : 80% ont moins de 40 ans, 75% ont moins de 25 ans, 50% ont moins de 15 ans. Y a-t-il chantier plus prioritaire que ça ?

Alioune Ifra NDIAYE